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née si les râteaux sont garnis de chevilles égales en longueur & assez serrées les unes près des autres. Si une cheville ou dent se trouve plus longue que les autres, le râteau ne portera que sur elle, & l’herbe ne sera pas entraînée par les autres. De la manière de promener le râteau sur la prairie, dépend l’exacte cueillette de l’herbe ; Il faut que l’on râtelle presque à plat, c’est-à-dire, que l’angle formé par la pointe de la cheville qui touche le sol & la terre, soit très-étroit. Si on râtelle trop à plat, & que la traverse qui porte les chevilles, touche le gazon, l’herbe éparse ne sera pas entraînée par les dents, parce qu’elles ne toucheront presque pas la terre : si le râteau est placé trop droit, l’herbe s’échappe entre les dents. Peu de femmes savent bien râteler, & râteler d’une façon preste & sûre.

CHAPITRE III.

De la manière de ranger le Foin en meule.

On appelle meule, du foin réuni & rangé en grande masse, sous la forme d’un cône.

Lorsqu’on n’a pas des greniers à foin, les meules y suppléent, & à la rigueur on peut s’en passer, à moins que ce ne soit pour la plus grande facilité du service des écuries & des étables.

Ceux qui vendent le foin sur la prairie ne sont pas dans le cas de le transporter dans la fénière, & c’est une économie ; alors ils réunissent & rassemblent tous les petits monceaux en une ou plusieurs meules sur un des coins de la prairie, & dans la partie la plus rapprochée du chemin, & où il est plus facile de charger les charrettes.

Ceux qui sont botteler le soin, comme dans les environs de Paris, peuvent également le botteler sur la prairie, ranger les bottes en meules ; ce qui évite un second remaniement du foin & la dépense de les porter à la fénière.

Une meule bien faite doit représenter une espèce de fuseau pointu dans le haut, renflé dans son milieu, d’un quart plus étroit à la base que dans son milieu, & la diminution ou augmentation de diamètre doit être régulière.

C’est un abus de trop resserrer les meules les unes près des autres. Si le feu du ciel, comme cela arrive quelquefois, en frappe une, toutes les meules voisines sont consumées.

Le sol sur lequel la meule reposera, sera bombé dans son milieu, le tout un peu plus élevé que le sol voisin ; & lorsque la meule sera montée, on pratiquera encore tout autour un petit fossé pour recevoir les eaux pluviales, les porter au loin, afin de garantir le sol de la meule de toute humidité. C’est la méthode la plus économique. Je préférerois cependant à garnir le sol avec des pièces de bois de six à huit pouces de diamètre, & coupées de longueur égale à celle que doit avoir la meule. Ces pièces de bois, recouvertes avec des blanches, formeront le plancher de la meule, l’éloigneront de terre, la garantiront de toute humidité, & laisseront circuler par-dessous un libre courant d’air. On peut encore, si l’on veut, afin d’empêcher la pourriture des bois, les faire porter de distance en distance sur des pierres