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mélange, on le lave de nouveau dans de l’esprit de vin, qui se charge de la terre foliée minérale sans toucher au sel marin. On évapore à siccité la dissolution spiritueuse, on calcine le résidu ; le vinaigre se décompose & se brûle, & on n’a plus alors que l’alcali minéral, dont on connoît exactement la quantité.

4°. Sels dissous dans l’eau chaude. Ce n’est que de la sélénite. On s’en assure par l’alcali volatil caustique bien pur, qui n’y occasionne aucun changement ; tandis que l’alcali fixe caustique la précipite abondamment. En l’évaporant à siccité, on connoît exactement la quantité de sel terreux qui étoit contenu dans l’eau.

Section VI.

Manière de faire des Eaux minérales artificielles.

Nous ne pouvons mieux faire pour donner une idée de l’avantage des eaux minérales artificielles, qu’en copiant ce que M. Duchanoy en dit dans l’avant-propos de son excellent Ouvrage sur l’Art d’imiter les eaux minérales.

« Quelqu’efficaces que soient les eaux minérales, on ne les trouve pas par-tout ; le peuple, cette branche précieuse de l’humanité, ne peut pas en profiter ; les frais qu’il faut faire pour aller chercher ce secours, & l’éloignement auquel il force, ne permettent qu’à un petit nombre de personnes d’en user, encore souvent ne s’y déterminent-elles que trop tard. Quels services ne rendroit pas à ses semblables, celui qui mettroit ces eaux à la portée de tout le monde, & qui en faciliteroit, en tout temps & dans tous les lieux, un usage familier, moins dispendieux & plus utile ! Les pauvres en profiteroient, les gens aisés ou riches ne quitteroient point leurs affaires, ils conserveroient à côté d’eux leurs médecins ordinaires, qui, plus au fait & de leur état & de leur tempérament, continueroient d’en prendre soin, & seroient, plus qu’un médecin étranger, à portée de suivre les effets des eaux, & de les mieux diriger. D’ailleurs, combien de cas particuliers où il seroit à désirer que les eaux froides fussent à côté des chaudes, les sulfureuses à côtés des acidules, &c. &c. pour les mélanger, les varier, & les approprier enfin, dans toutes les circonstances, à la nature & au caractère des maladies, à l’âge & au tempérament des malades. »

Il est de fait que les eaux minérales naturelles varient très-souvent, par rapport aux substances étrangères qu’elles contiennent, & par rapport à leur proportion, & que ces variations dépendent souvent de l’état de l’atmosphère… « D’après les vérités que je viens de présenter, ajoute M. Duchanoy, & en faveur desquelles j’aurois pu aisément multiplier les preuves, on ne doit pas avoir de peine à se persuader que des eaux minérales artificielles, bien faites, n’auroient pas seulement, avec les naturelles, une analogie, une similitude, une identité dans les principes ; mais qu’elles l’emporteroient encore sur celles-ci, par les avantages qu’elles auroient de ne jamais varier dans les doses, les proportions & la température ; d’être exemptes de tout mélange étranger qui pourroit les rendre