d’un axe commun, tandis que le fruit des arbres est épars sur les branches, mais c’est toujours le même suc, les mêmes canaux : or, cependant nous voyons des pommes sans aucunes taches à l’extérieur, pourries néanmoins au dedans, des pêches dont la chair est excellente & le noyau gâté ; des coings, des prunes & des abricots traversés par une larme de gomme.
Mais arrêtons-nous à décrire les maladies du froment, de manière à les faire reconnoître & distinguer par les laboureurs les moins éclairés : ce que nous allons exposer est en partie le fruit de la lecture des ouvrages de M. Tillet, & de nos entretiens particuliers avec cet académicien estimable, qui a passé les années les plus précieuses de sa vie à découvrir la nature & l’origine de ces maladies, ainsi que les remèdes qu’on devoit y apporter pour les prévenir.
Section Première.
Du Rachitisme.
Le rachitisme, ou le froment avorté, se manifeste sensiblement au printemps sur les pieds qui en sont affectés ; le fourreau, les balles, les barbes sont contournés & recoquillés à mesure que l’épi sort de l’enveloppe & que le grain avance vers la maturité. La couleur change sensiblement, parce que de verte qu’elle étoit, elle prend une nuance bleuâtre & passe au brun plus ou moins foncé. La forme de ce grain contrefait n’a presqu’aucune ressemblance avec celle du froment sain ; il est sillonné dans toute sa longueur qui n’est que la moitié de celle du grain ordinaire & se trouve terminée par une, deux & quelquefois trois pointes ; on croiroit à la première inspection que ce sont plusieurs grains réunis en un seul.
La substance que le froment rachitique contient, ne remplit point entièrement la cavité du grain ; elle est blanche étant humectée, elle offre au microscope des filets mouvans qui ne sont autre chose que les fameuses anguilles aperçues par MM. Needham, Roffredy & Fonterna : le second de ces trois célèbres observateurs a fait des expériences pour savoir si cette maladie étoit contagieuse & de quelle espèce étoient les anguilles dont il s’agit.
Il a suivi la nature & la progression de ces anguilles dans tous les états qu’elles prennent depuis le moment de leur naissance jusqu’à celui de leur destruction totale. On peut consulter sur l’origine du rachitisme les deux Mémoires que M. Roffredy a publiés à ce sujet dans le Journal de Physique des mois de janvier 1775 & de mai 1776.
Cette maladie du froment, très-commune en Italie, ne paroît pas l’être autant dans nos contrées ; elle n’est donc pas aussi généralement répandue que les deux autres dont on va lire la description.
Section II.
Du Charbon.
La plante charbonnée ne se distingue pas d’abord de celle qui ne l’est pas ; mais à peine l’épi a-t-il acquis deux pouces de longueur, qu’on y apperçoit déjà une espèce de moisissure, il blanchit insensible-