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dans l’intérieur du blé ; mais il faut que la fenêtre soit entièrement fermée à l’exception de l’ouverture des tuyaux. L’air s’y introduit, s’insinue entre chaque grain de blé, rafraîchit toute la masse & les insectes abandonnent le monceau. Ce ventilateur est bien simple & préférable, à tous égards, à ceux qui demandent le secours de l’homme pour être mis en mouvement.

Si la position du grenier ne permet pas d’établir les larmiers suivant toutes les positions de vents, on y remédiera en perçant le plancher qui supporte le blé, & dans l’ouverture on adaptera un ou plusieurs tuyaux de fer blanc, criblés de petits trous & qui ne s’élèveront qu’à la hauteur d’un pied. Plusieurs tuyaux ainsi placés dans un monceau de blé, font d’excellens ventilateurs.

M. Hales, d’après ses belles expériences sur la transpiration & l’évaporation des végétaux, est, je crois, le premier qui ait songé à rafraîchir les blés au moyen des ventilateurs. Il établissoit plusieurs moulinets à grandes ailes, qui, mis en mouvement, ou par le vent ou par des hommes, procuroient la fraîcheur & par conséquent l’évaporation des grains. Je préfère les fenêtres basses & étroites & les tuyaux à tous les ventilateurs, sur-tout si les greniers sont construits ainsi que je viens de l’indiquer.

M. Duhamel, dans son Traité de la conservation des grains, a donné la description des greniers de toutes sortes de grandeurs ; voici, d’après lui, l’idée d’un grenier d’une grandeur moyenne, capable de contenir mille pieds cubes de froment ; & dans la coutume ordinaire, il faudroit un grenier de cinquante-neuf pieds de long sur dix-neuf de large. Ce grenier, dit l’auteur, devroit être fait à peu près comme une grande caisse, à laquelle on donne treize pieds en carré sur six de hauteur ; on fait avec de fortes planches les côtés & le fond, on la pose sur des chantiers. À quatre pouces de ce premier fond, on en fait un autre de deux rangs de tringles qui se croisent à angles droits ; on le recouvre d’une forte toile de crin qui empêche le blé de s’échapper & laisse à l’air un passage libre ; à la partie supérieure de cette caisse, on fait un couvercle plein pour empêcher les souris & autres animaux d’y entrer ; on y pratique seulement quelques trous qui s’ouvrent & se ferment à volonté ; on met le blé dans cette grande caisse, & pour le conserver, on fait jouer des soufflets : l’air impulsé traverse le blé & s’échappe par les trous ménagés dans la partie supérieure.

On peut, si l’on veut, faire des caisses de trois pieds de diamètre sur six de hauteur & rondes ; de distance en distance, sur la partie étroite, on pratiquera des ouvertures de six pouces, fermées par une grille de fils de fer mis en longueur & serrés assez près les uns des autres pour que le grain ne puisse y traverser ; quatre ou six grilles suffisent dans toute la circonférence. Le milieu de cette caisse est traversé par un essieu en fer ou en bois ; l’essieu, par ses deux extrémités, porte sur un chevalet ; à un de ses côtés, est adaptée une manivelle au moyen de laquelle on fait tourner la caisse. Par cette opération, on réunit deux avantages ; savoir de rafraîchir le grain,