Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussi long-temps continué ; on renouvelle les compresses souvent, & on les maintient sur les parties galeuses constamment imbibées de cette liqueur tiède.

Lorsque la gale n’affecte que les extrémités, on se contente de les brosser & bouchonner, de les faire tremper dans un baquet ou un seau rempli de décoction émolliente d’une chaleur un peu plus que tiède.

Les moutons seront tondus, le sacrifice de la laine est indispensable. On doit d’autant moins hésiter à le faire, que la laine des parties affectées de la gale tombe toujours spontanément. Au lieu de frotter leur peau avec un tesson ou un morceau de brique, on se servira du grattoir imaginé par le célèbre M. Daubenton ; c’est une sorte de bistouri dont la pointe est à deux tranchans & sert de lancette ; le manche est terminé par une lame d’os ou d’ivoire, qui fait un grattoir ; ensuite on onctionnera les endroits galeux avec le beurre frais ou l’onguent populeum. Les bergers se servent ordinairement du goudron, de l’huile de cade, de la dissolution de vitriol vert, &c ; mais ces topiques employés seuls, répercutent la gale, & ne la guérissent qu’en apparence, la maladie change de face, & se convertit presque toujours en d’autres plus sérieuses, à moins que les animaux guéris par cette méthode ne soient vendus promptement au boucher, ainsi qu’il n’arrive que trop souvent ; d’ailleurs, l’expérience prouve que l’huile de cade, & les dissolutions des sels, sont contraires à l’état de la peau galeuse, en ce qu’ils augmentent & font durer son épaississement, sa sécheresse & sa dureté, qu’ils nuisent par cet effet à l’accroissement & aux bonnes qualités de la laine ; qu’au surplus, l’huile de cade donne à la laine des teintes rousses & noirâtres qui la gâtent, & qu’elle lui communique une mauvaise odeur qui reste dans la toison après la tonte.

On coupera la soie du cochon sur tous les endroits galeux, on les frottera avec le mâchefer dont nous avons déjà parlé, & on les onctionnera ainsi qu’il est prescrit pour les moutons.

On fera la même chose à l’égard du chien, du bouc & de la chèvre. Cependant on a observé que ces animaux, d’un tempérament plus vif & plus irritable, se trouvoient très-bien d’un bain tiède, fait d’une décoction de son que l’on fait prendre aux chiens sur-tout, deux fois par jour, & si la démangeaison est très-considérable, le bain sera composé d’une décoction de pavot, ou d’une infusion de fleurs de coquelicot.

Traitement interne. On ne doit avoir recours à celui-ci que lorsque la gale est des plus rebelles & a échoué contre les topiques que nous venons d’indiquer.

Après deux ou trois jours du régime ci-dessus prescrit, il faut saigner le bœuf ; on ne répétera pas cette opération, à moins qu’il ne survienne quelque accident : on lui fera prendre, trois fois le jour, un breuvage composé des substances délayantes & tempérantes (N°. 3.) ; outre les breuvages, on donnera trois lavemens émolliens (N°. 4.) par jour : on continuera ce traitement pendant quatre à cinq jours, c’est-à-dire, jusqu’à ce que le ventre soit libre, que les