Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/240

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agir séparément ou plusieurs ensemble ; elles peuvent produire la pourriture dans toute leur machine, ou dans une partie seulement. Cette pourriture se bornera aux fluides, où elle s’étendra jusqu’aux solides : les effets qui en naîtront se manifesteront dans une partie externe, ou dans les premières voies, ou dans la masse du sang. Pour indiquer l’usage des remèdes dans ces différentes circonstances, on examinera d’abord quel est celui qu’on doit en faire :

1°. Dans les maladies produites par la putréfaction qui affecte une partie externe, & la gangrène ;

2°. Dans celles qui sont occasionnées par la putridité qui a son siège dans les premières voies, & qui y produisent la gangrène ;

3°. Dans celles où la masse du sang est elle-même dans un état putride, & qui causent la gangrène.

I. Avant que d’indiquer l’usage des remèdes dans les maladies produites par la putréfaction qui affecte une partie externe & la gangrène, il faut observer qu’elle ne parvient à l’état de gangrène, que lorsqu’une inflammation ou une contusion violente paroît ne se terminer ni par la résolution, ni par la suppuration ; lorsque le pus d’un ulcère dégénère, que les chairs deviennent molles, & que la suppuration diminue ou est plus abondante ; lorsque le sang de l’animal qui en est atteint, est âcre, putride ; lorsqu’il a souffert la faim, qu’il est mal-propre, qu’on l’a nourri de végétaux corrompus, qu’on l’a livré à des travaux excessifs ; lorsqu’il respire un air putride ; lorsque la douleur, la chaleur, la tension, qui accompagnent l’inflammation, diminuent ; que le poil se hérisse & tombe ; que la couleur de la peau change ; qu’il s’élève sur la surface de la partie enflammée de petites ampoules pleines d’une sérosité roussâtre ; lorsque la suppuration d’un ulcère devient fétide, que le pus est dissous, que la surface des chairs prend une couleur noirâtre, & que les bords s’enflamment, se gangrènent ; que le froid, la mollesse & l’insensibilité de la partie augmente ; & enfin lorsqu’elle exhale une odeur cadavéreuse, & que sa mortification est complète.

La pourriture est aussi une des causes éloignées de la gangrène, lorsqu’elle attaque une partie de l’animal vivant, soit parce que des sucs viciés y abordent, soit parce qu’ils s’y corrompent, soit parce que l’un & l’autre y concourent. Dans le premier cas, la cause sera générale ; dans le second, elle sera particulière ou locale ; & dans le troisième, elle sera mixte.

Dans la cause générale, toutes les humeurs sont putrides ou infectées par une matière âcre, particulière, qui les corrompt. Il n’est pas étonnant que dans les maladies qui en sont la suite, comme les fièvres putrides, malignes & pestilentielles, les fièvres purulentes, occasionnées par la résorption du pus, des suppurations internes, des ulcères externes, que dans toutes ces maladies on voye quelquefois subitement paroître des pourritures, des gangrènes, ou des dépôts qui en sont bientôt suivis.

Les fluides corrompus & putrides, en abordant dans une partie, y produisent plutôt la gangrène que dans une autre. Si elle est plus éloignée