sont plus pressantes, les vapeurs qui sortent des premières voies, plus putrides, les coliques & les diarrhées se manifestent ; l’animal se plaint, s’agite, le ventre se soulève, le météorise, s’enflamme, les excrémens sont très fétides. Enfin, l’animal est accablé, affaissé ; il ne désire plus rien ; la face interne des lèvres est jaunâtre, quelquefois d’un brun livide, noire. Le ventre reste soulevé, tendu & froid, les évacuations qui se font par l’anus, sans qu’il paroisse y contribuer, exhalent une odeur cadavéreuse. Ces derniers signes annoncent que les premières voies sont frappées de gangrène.
Pour rendre raison de ces phénomènes, il est à propos d’examiner ce qui se passe lors de la digestion. Cette fonction ne peut s’opérer que par un mouvement intestin qui s’excite entre les parties insensibles des alimens mêlés avec les sucs digestifs ; duquel mouvement il résulte une liqueur douce, homogène, blanche, que l’on appelle chyle. La chaleur du lieu, les restes du dernier repas, les liqueurs digestives, le mouvement péristaltique, celui du diaphragme & des muscles de la cavité de l’abdomen, & les battemens des gros vaisseaux voisins favorisent le mouvement intestin ; mais il doit être contenu dans de justes bornes : car s’il est continué trop long-temps, il passera à une fermentation acide, & de-là, si rien ne s’y oppose, à une fermentation putride. Les causes capables de produire ces effets, sont, 1°. le trop long séjour que font les matières alimentaires dans les premières voies, comme dans les animaux qui mangent trop, dans ceux dont on trouble les digestions par des travaux trop longs & trop pénibles, dans ceux qu’on n’exerce pas suffisamment, &c. ; 2°. la mauvaise qualité des alimens qui contiennent peu d’air fixe, & qui par conséquent n’en fournissent pas assez pour arrêter les progrès de la fermentation, du nombre desquels sont les foins, les pailles, les regains, les avoines, gâtés, &c. ; 3°. la dépravation putride des sucs digestifs, qui deviennent alors un puissant ferment putréfactif ; dépravation qui peut être occasionnée par un air putride, qui, en se mêlant avec la salive dans la bouche, la corrompt, & étant avalé avec elle, corrompt ensuite les sucs gastriques. Cette dépravation peut provenir aussi du défaut d’alimens, ou de leurs mauvaises qualités, ou de la corruption de la masse du sang, d’où il ne peut se séparer que des humeurs corrompues. On conclut donc de ce qui vient d’être dit, que toutes les causes qui sont capables de produire une fermentation putride dans les premières voies du cheval ou du bœuf, &c., peuvent aussi les gangrener.
Pour prévenir une terminaison aussi funeste à la vie des animaux, que redoutable à ceux qui exercent la médecine vétérinaire ;
1°. On empêchera que la quantité de matières putrides n’augmente dans les premières voies.
2°. On évacuera ces matières.
3°. On réparera le mal qu’elles auront causé, & on rétablira les parties & les fonctions dans l’état sain.
On satisfera à la première indication par la diète ; sans cette précaution, quel désordre ne produi-