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qui rend la maladie plus longue, si l’on y applique des onctueux. Il faut, avant que l’engorgement & la tumeur ne soient formés, attirer au dehors les parties ignées par la solution de vitriol, l’encre, le sperme de grenouille, le blanc-d’œuf ; la noix de galle, les vulnéraires & les herbes astringentes ; l’engorgement étant sur le point de se former, les émolliens, les relâchans, les adipeux, les onctueux, l’huile & le beurre sont indiqués. Si malgré ces remèdes l’inflammation survient, on doit faire des fomentations avec l’eau tiède, user de mucilages, de laitages & de farineux, auxquels on mêle les anodins quand l’inflammation est violente ; on met quelquefois en usage les anodins un peu volatils, tels que le camphre, les fleurs de sureau, les feuilles de tabac, de jusquiame, la fiente d’oiseaux ; si la chaleur n’est pas considérable, des oignons cuits ou triturés conviennent ; enfin, si la partie brûlée donne une suppuration putride, les antiseptiques sont indiqués, tels que le vin, l’eau-de-vie, le nitre, le sel marin, &c.

Ceux-là agissent prudemment, qui n’emploient que le vin pendant tout le temps que la sensibilité de la partie ne permet pas de mettre en usage l’eau-de-vie, qu’ils emploient ensuite pure jusqu’à l’entière guérison : il est souvent avantageux d’user des feuilles vertes de tabac ou de poirée, qu’on applique sur des plumaceaux trempés dans le vin, & qui par ce moyen ne s’attachent pas à la plaie.

La gangrène sèche est celle qui n’est point accompagnée d’engorgement, & qui est suivie d’un dessèchement qui empêche la partie morte de tomber en dissolution putride ; la partie commence à devenir froide ; la chaleur cesse avec le jeu des artères ; ces vaisseaux se resserrent par leur propre ressort ; les chairs mortifiées deviennent plus fermes, plus coriaces & plus difficiles à couper que les chairs vives. Les parties sont mortes bien avant qu’elles ne se dessèchent.

La cause matérielle de la gangrène sèche, est un sang très-visqueux, tenace, noirâtre, qui a perdu sa sérosité par la chaleur, les sueurs, & qui à cause de sa grande sécheresse ne peut pas se corrompre.

Il arrive souvent, dans les gangrènes externes dont les animaux sont attaqués, que la peau se dessèche, se racornit, & que la partie qui en est atteinte, au lieu de se corrompre, comme dans les gangrènes humides, se durcit. D’ailleurs, toutes les parties des animaux où la circulation est gênée, sont sujettes aux gangrènes sèches ; c’est ce que l’on observe dans les maladies qui proviennent de la putréfaction du sang.

L’indication générale qui se présente dans la cure de la gangrène sèche, consiste à prévenir le mal, à en arrêter les accidens, & à le guérir lorsqu’il est arrivé. On doit avoir recours aux médicamens indiqués pour le traitement des différentes maladies qui lui auroient donné naissance. M. BRA.


GARANCE. (Planche XIII) M. Tournefort la place dans la neuvième section de la première classe, qui comprend les herbes à fleur en forme de godet & d’une seule pièce, dont le calice devient un