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que les lapins font avec leurs pattes de devant, en creusant dans la terre, où, à force de gratter, ils pratiquent des galeries qui correspondent le plus souvent les unes avec les autres, & ont des sorties au jour, dont le nombre est proportionné à leur étendue. Ils sont pour les lapins ce que sont les soupiraux pour les ouvriers des mines. Ils entretiennent un courant d’air dans les galeries, sans quoi les animaux, comme les hommes, ne pourroient pas respirer.

Le lapin sort pendant la nuit, & rentre dans le terrier pendant le jour ; c’est en général sa coutume. On choisira, dans l’hiver, un jour assez froid, & même un peu pluvieux, afin de s’assurer que les lapins sont terrés ; mais pour plus grande sûreté, on fera, avec des chiens, & en s’y prenant de loin, une battue dans les environs de leur retraite. Cet animal timide & peureux, supposé qu’il soit dehors, se hâtera d’y rentrer, & ne cherchera pas à en sortir tant qu’il entendra du bruit. Après avoir reconnu tous les trous, & même après les avoir agrandis, on les chargera de mauvais bois, & on mettra le feu à tous en même temps, en continuant de faire beaucoup de bruit. Si on peut se procurer un bon nombre de soufflets, l’opération en vaudra mieux, parce que l’air poussé avec violence, forcera la fumée de s’insinuer plus avant dans les terriers. L’effet de la fumée est de vicier l’air intérieur, de le rendre méphitique ou mortel, & par conséquent de suffoquer les lapins. Dès que le bois est aux trois quarts consumé, des hommes armés de pioches & de pelles, poussent la braise & le reste du bois dans le terrier, en abattent les côtés, & le bouchent avec des pierres & de la terre, de manière que la fumée ne sorte d’aucun côté. J’ai vu des lapins s’élancer en dehors malgré la flamme, afin d’éviter le danger qui les menaçoit. On pare à cet inconvénient en garnissant l’ouverture du terrier avec des fourches de fer.

Quelques jours après on retourne sur les lieux, & on examine de tous côtés & avec le plus grand soin si de nouveaux terriers ou les anciens sont ouverts ; alors on recommence la même opération avec les mêmes soins : au défaut du bois, on peut se servir de paille, mais elle brûle mal dès qu’elle est un peu pressée dans les trous. D’ailleurs, les morceaux de bois mêlés avec les pierres & la terre dont on s’est servi pour boucher les terriers, ne permettent pas aux lapins de les ouvrir facilement.

Si on se contente simplement, suivant la coutume ordinaire, de boucher tous les terriers, on réussit rarement, parce que l’animal en a bientôt ouverts de nouveaux : il faut le feu & la fumée, qui rendent mortel l’air des galeries.


Garenne à poisson. Espace de peu d’étendue & plein d’eau, dans lequel on jette le petit poisson qui doit repeupler un étang… On appelle encore de ce nom l’endroit d’une rivière garni de filets, & où le poisson vient se rendre de lui-même.


GARGARISME. Remède liquide dont on se sert pour laver & humecter une ou toutes les parties intérieures de la bouche.

Dans l’esquinancie inflammatoire,