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place distinguée dans les bosquets d’été, dans les massifs d’arbrisseaux. Comme il croît naturellement sur les bords des chemins, sur les tertres, dans les lieux incultes, il exige par conséquent peu de soins pour sa culture ; cependant lorsqu’il trouve une bonne terre, il prospère, pousse & s’étend beaucoup. La meilleure manière de se le procurer est par graine, par semis, dans des caisses ; à la fin de l’année, on met en terre les jeunes plantes qui en sont provenues, en observant de ne point casser le pivot, ce qui est très-facile. Ce genêt reprend difficilement, & lorsqu’on le transporte des champs, sur-tout s’il a déjà une certaine grosseur. Après la transplantation, on coupe sa tige à un pouce de terre, afin que l’arbrisseau talle en petites branches. On peut en faire des bordures, des haies, peu élevées ; il suffit chaque année de les tondre comme les buis. Sur les coteaux des montagnes, chargés de ce genêt, on sent une odeur délicieuse au soleil levant.

Cet arbrisseau, étonné de se trouver en bonne terre & d’être précieusement cultivé par les mains d’un amateur, a payé ses soins en donnant des fleurs doubles qui ont conservé autant d’odeur que les fleurs simples ; mais comment perpétuer & multiplier cette heureuse transformation, puisque les fleurs, de simples, devenues véritablement doubles, ne donnent point de graines. La greffer est venue au secours du fleuriste & a perpétué ses jouissances ; elle prend facilement. On connoît encore de cet arbrisseau une espèce naine, à fleur simple & à fleur double.

Propriétés médicinales. Les mêmes que celles du genêt des teinturiers, ont on parlera ci-après.


Genêt Commun ou Genêt à balai. M. von-Linné l’appelle spartium scoparium, & M. Tournefort, cytiso-genista, scoparia vulgaris, flore luteo.

Fleur & Fruit. Les mêmes caractères que le précédent ; les fleurs sont plus petites.

Feuilles, ordinairement trois à trois & quelquefois solitaires surtout à l’extrémité des tiges ; les folioles petites, étroites, ovales ; les solitaires plus alongées.

Racine, ligneuse, rameuse, pivotante.

Port. Arbrisseau à plusieurs tiges, hautes de trois à six pieds, rameuses, grêles, anguleuses, flexibles, sans épines ; les fleurs jaunes & blanches dans une variété, disposées une à une le long des tiges & portées sur des queues courtes ; les feuilles ternées ou solitaires sont alternativement placées le long des tiges.

Lieu. Les terrains secs, sablonneux, les bois, les bords des chemins, les lieux incultes sur les hauteurs.

Culture. Il n’en exige aucune, on peut le multiplier par semence.

On regarde en général cet arbrisseau comme très-inutile pour l’agriculture. Je ne pense pas de même : il est à mon avis très-précieux sur les sols maigres, incultes, & pour empêcher sur-tout que les eaux pluviales n’entraînent le peu de bonne terre qui existe. Sans lui, que seroient la plupart des coteaux à pente rapide ? des rochers secs, arides & décharnés. Ce sont les