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trième section de la cinquième classe, qui comprend les herbes à fleur de plusieurs pièces, régulières & disposées en croix, dont le pistil devient une silique à deux loges, & il l’appelle Leucolum luteum vulgare. M. von-Linné le nomme cheiranthus cheiri, & le classe dans la tetradynamie siliqueuse.

Fleur, composée de quatre pétales jaunes & disposée en croix, plus grands que le calice, & les onglets aussi longs que lui ; le calice est divisé en quatre folioles égales en grandeur ; les étamines au nombre de quatre, dont deux plus grandes & deux plus courtes.

Fruit. Le pistil se change en une silique aplatie, composée de deux lames appliquées sur les bords d’une cloison mitoyenne, sur laquelle les semences sont rangées alternativement, & y tiennent par un cordon ombilical, qui se dessèche lors de la maturité ; elles sont ovales & comprimées.

Feuilles, d’un vert foncé, longues, en forme de fer de lance, aiguës, lisses, adhérentes aux tiges.

Racine, pivotante, peu fibreuse, blanche.

Port. Tige de deux pieds de hauteur environ, droite, rameuse, les rameaux presqu’égaux ; les fleurs naissent au sommet, rassemblées comme en un bouton aplati, & les fleurs se développent à mesure que les tiges s’allongent & s’élèvent ; les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu. Les rochers, les vieux murs ; la plante est vivace, s’y sème, & s’y perpétue sans soins.

L’espèce sauvage est beaucoup plus petite dans toutes ses parties que l’espèce cultivée, & sa fleur est d’un jaune plus pâle. Les botanistes ont caractérisé cette différence par ces mots magno vel parvo flore.

Le giroflier jaune & simple, cultivé se ressent des soins qu’on lui donne. Les tiges sont beaucoup mieux nourries, les feuilles plus amples, plus longues, les fleurs plus étoffées & mieux nourries. La couleur jaune est plus foncée, plus veloutée.

À force de culture & de soins on est parvenu à avoir des fleurs panachées en brun, & on les appelle giroflées carassées.

En multipliant le terreau & tous les petits soins que prennent les vrais fleuristes, on est parvenu à rendre ces fleurs semi-doubles, & enfin très-doubles. Les unes ont conservé leur couleur jaune ordinaire, & les autres se sont carassées. Ces dernières en général sont plus larges, plus volumineuses & moins serrées que les premières, dont l’ensemble est nommé dans quelques provinces bâton d’or. Cette couleur contraste singulièrement bien avec le vert foncé des feuilles.

On connoît encore une variété à fleur double & simple, dont la feuille est dentelée tout autour en manière de scie.

La giroflée à fleur simple est une des premières fleurs du printemps.

On parlera de sa culture & de sa multiplication, en traitant en général de celle de toutes les giroflées.

Des Girofliers vivaces de différentes couleurs.

Sous la dénomination de leucolum incanum, donnée par M. Tournefort, ou de cheiranthus incanus de M. von-