Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/338

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& en partie dans l’esprit de vin, tandis que les vraies gommes comme celles des cerisiers, amandiers, pruniers, pêchers, abricotiers, le sont complètement dans l’eau simple. Au mot Végétal, nous entrerons dans de plus grands détails.

Je regarde la gomme comme une modification de la sève un peu altérée, puisqu’elle ne contient que sa partie aqueuse & mucilagineuse, & non la substance saline ni huileuse. Si la gomme pure dont il est ici question, & telle que celle des arbres déjà cités, renfermoit des portions huileuses, elle seroit une gomme-résine, & par conséquent elle ne seroit pas entièrement soluble dans l’eau.

D’après cette définition & ces observations, je pense que la manière dont s’explique, au sujet de la gomme, M. Roger de Schabol, n’est pas juste. « La gomme, dit ce savant, est le suc naturel & comme le sang de toute plante ; dans son principe elle est claire & liquide, & elle ne se fige que quand elle n’est plus dans les conduits, comme notre sang qui se caille quand il n’est plus dans nos veines. » Quoique très-ingénieuse, cette comparaison ne me paroît pas bien juste. Dans le sang est le principe de vie de tout animal, cela est vrai ; mais non pas dans la gomme celui de l’être végétal, puisque les principes constituans de la gomme, ne sont qu’une partie de ceux de la sève ; cependant il est possible, jusqu’à un certain point, de concilier les deux opinions. J’offre comme des probabilités ce que je vais dire.

Je regarde l’eau gommeuse comme une eau exçrémentitielle, c’est-à-dire, qui auroit dû s’échapper à travers les pores de l’écorce, par la transpiration insensible après avoir déposé dans le tronc, les branches, les feuilles, &c. &c. les autres principes constituans de la sève qu’elle contenoit ; (quant à la partie mucilagineuse, nous y viendrons tout à l’heure). En effet, la gomme est beaucoup plus abondante dans les temps variables, dans les passages du sec à l’humide, du chaud au froid, &c. circonstances qui dérangent singulièrement la marche de la transpiration insensible, & même de l’ascension de la sève dans l’arbre. En effet, on voit les pleurs de la vigne cesser de couler dès qu’il fait froid, & reprendre ensuite leur premier cours au renouvellement de la chaleur. Les belles expériences de M. Hales, dans sa Statique des végétaux, démontrent encore la différence très-grande dans la transpiration de cette vigne chargée de feuilles, lorsqu’il fait froid ou chaud, &c.

Je regarde la partie mucilagineuse comme l’humeur propre de l’écorce & non du reste de l’arbre ; je crois avoir déjà dit que la portion terreuse étoit le principe de la charpente ; la saline le principe du goût ; l’huileuse de la saveur ; que le fluide servoit de véhicule à ces principes, & que l’air fixe (voyez ce mot) formoit le lien de combinaison & d’amalgame des différentes substances. En effet, les bois fournissent plus de terre que les fleurs, celles-ci en général plus d’huile essentielle que la chair des fruits, & les fruits plus de sels quelconques que toutes les autres parties de la plante. De ces grandes divisions, en suivant