Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/341

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vrez la plaie avec des linges constamment tenus mouillés, la gomme se ramollira, & sera enlevée sans peine. Le pêcher est de tous les arbres à fruits à noyaux, celui qui est le plus endommagé par la gomme. Si elle suinte par plusieurs points d’une branche, répétez la même opération, & ne plaignez pas vos peines. Après avoir ainsi nettoyé les branches, il convient d’abattre le bois mort, & de retrancher ce qui est languissant & dont on ne peut rien espérer, en couvrant d’onguent de St. Fiacre chaque coupe.


GONORRHÉE, Maladie Vénérienne. Il est inutile de prescrire ici les moyens de la guérir ; elle exigeroit un traité, & encore le lecteur, en général, ne viendroit pas à bout de la guérir. Il faut absolument avoir recours aux maîtres de l’art, & même choisir ceux qui sont les plus exercés dans son traitement. Une gonorrhée mal guérie laisse souvent des incommodités réelles qui durent autant que la vie.


GOUDRON, résine noire, liquide, qui découle des pins & des sapins, soit naturellement, soit par des incisions qu’on y fait, qui a été ensuite cuite dans un fourneau, & dont on se sert pour enduire les navires, les bateaux & leurs cordages. Elle est bonne quand elle a le grain fin, qu’elle est plus brune que noire, & qu’elle ne contient pas d’eau ; car elle est brûlée quand elle est noire.

On emploie le goudron sur les bouteilles remplies de vin, dans la vue de conserver le bouchon. On dit goudronner une bouteille, une bouteille goudronnée, & ce signe extérieur annonce souvent la qualité supérieure du vin qu’elle renferme. Ces expressions admises par l’usage, sont impropres, puisque le goudron seul ne suffiroit pas. Il faut un mélange de plusieurs substances dont nous parlerons plus bas.

Sur les montagnes de Provence, où les pins sont fort communs, on y prépare la poix, le goudron, la résine & la térébenthine. Au printemps, quand la sève est la plus abondante, on lève l’écorce du pin pour faire couler la sève dans un trou que l’on a fait en bas exprès pour la recevoir. Cette sève, à mesure qu’elle coule, laisse derrière elle une crème ou espèce de croûte que l’on prend & que l’on trempe dans l’eau, après quoi on la vend comme de la cire blanche, dont les habitans des environs font des flambeaux. Ensuite on prend par cuillerées la sève qui est dans le bassin ; & quand on en a ramassé une bonne quantité, on la passe dans un tamis de crin : la liqueur qui passe est la térébenthine ordinaire. Ce qui reste dans le tamis, ajouté à une quantité d’eau suffisante, & distillé dans un alambic, donne l’huile de térébenthine, & ce qui reste après cette opération, est la résine commune. Ensuite on coupe le tronc de l’arbre par copeaux que l’on entasse dans un trou fort creux, dont on couvre le haut avec des tuiles, de façon cependant qu’il puisse y entrer un peu d’air pour nourrir le feu. Alors on y met le feu, & il en découle un suc épais dans le fond de la fosse, où on a pratiqué exprès un petit trou, afin de lui donner la liberté de