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si on la perce de quelques trous & si, à son extrémité supérieure, on adapte un morceau de bois comme aux sifflets, &c. La description de ce jeu d’enfant explique la manière de préparer la greffe dont il s’agit. Il est aisé actuellement de connoître l’origine des différentes dénominations, qui varient suivant les provinces.

On choisit une branche bien saine & de l’année précédente, lorsqu’on le peut, (voyez Figure 12) que l’on coupe à quelques pouces près du tronc ou plus éloigné, suivant sa force & sa grosseur, qui doivent décider de ce retranchement. Cette figure représente un morceau de branche isolée ; mais on doit la supposer adhérente au tronc. Depuis le point A jusqu’au point B, avec le tranchant de la serpette, on fend l’écorce en lanières ; elles sont ensuite doucement détachées du bois, sans les meurtrir, comme on le voit en E.

Pendant qu’un ouvrier exécute cette opération, un autre prépare l’anneau ou cylindre C, ou flûte garnie de son bouton D ou de plusieurs boutons, & d’un diamètre égal, s’il se peut, à celui du bois A mis à nu. Alors, sans perdre de temps, on le fait glisser sur ce bois, jusqu’à ce que sa base soit parvenue à la naissance des lanières ; si le cylindre qui s’applique sur le bois est dans une proportion avec lui, & s’il recouvre tout le bois & s’unit exactement avec lui, on coupe circulairement les lanières au-dessous de ce cylindre, après avoir fait rencontrer & joindre les deux écorces, on recouvre cette union, ainsi que le sommet du bois & du chalumeau, avec l’onguent de St.-Fiacre. Voilà la première manière.

La seconde & la plus sûre consiste à conserver les lanières, à recouvrir avec elles le cylindre, excepté sur l’œil (ou les yeux) & à les maintenir assujetties avec des ligatures que l’on détache au besoin.

Comme il est difficile de trouver un cylindre qui soit en proportion parfaite avec le bout découpé en lanières, il est aisé de remédier à ce défaut ; s’il est trop étroit, on le fend d’un bout à l’autre, suivant sa longueur, du côté opposé à l’œil, & on l’applique sur le bois. Alors on soulève un morceau de la lanière qui y correspond, & on la divise toujours sur la longueur, sur la largeur qui manque à l’anneau, de manière que cette division bouche la place vide ; enfin, on relève & assujettit tout autour les lanières, ainsi qu’il a été dit.

Si l’anneau est trop large, on le coupe d’après le diamètre du bois ; on rapproche, autant qu’il est possible, les deux parties coupées, afin qu’elles se touchent dans tous les points, & on recouvre le tout avec les lanières.

Le continuateur de M. Roger de Schabol parle d’une autre espèce de greffe par juxta-position, & il s’explique ainsi ; « Je perçois l’écorce lisse & unie d’un poirier, & j’y faisois un trou d’environ un pouce de profondeur ; puis, avec une gouge de menuisier, j’unissais la plaie, sur-tout à l’endroit de l’écorce. Je prenois ensuite la mesure de la profondeur du trou, & je diminuois par le bout mon rameau en forme de cheville ronde, en observant qu’il fut de la même grosseur que la vrille. Après l’avoir fait entrer un peu à force & l’avoir enfoncé jusqu’au fond du trou, j’ob-