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l’autre ; ils sèment 4 ou 5 haricots dans chaque fosse, & les recouvrent de terre, ainsi qu’il a été dit. Ces deux méthodes sont très-bonnes, mais je préfère la première, parce que chaque semence également espacée, trouve plus facilement sa nourriture que lorsque cinq ou six pieds se trouvent réunis.

Dès que les haricots commencent à darder leurs tiges, que l’on nomme fil, filet en quelques endroits, c’est le cas de les ramer, de disposer chaque fil sur une branche de la rame, d’empêcher que ces fils ne se croisent, ne se réunissent plusieurs ensemble & ne s’entortillent les uns sur les autres ; sans ces précautions, ils seront peu productifs.

Le haricot exige beaucoup de petits labours ; d’être serfouis souvent, & plus souvent rigoureusement sarclés quand ils sont encore jeunes. Ces petits labours, sur-tout après les pluies, les font croître à vue-d’œil, pour peu que la chaleur du jour les favorise. Il est assez ordinaire de voir les racines supérieures des haricots emportées par leur naturel grimpant, sortir en partie de terre : on prévient cet accident en les chauffant à chaque serfouissage, mais il convient à chaque fois de commencer à travailler la terre, à rendre unie sa superficie, & à en ramener une partie vers le pied. Par cette opération la plante se trouve bien travaillée & bien chaussée. Il vaut beaucoup mieux donner les petits labours dès le commencement, que d’attendre l’époque à laquelle, ou après laquelle on a piqué les rames en terre ; elles sont un obstacle au bon travail.

Il est d’usage délaisser suivant le besoin, un ou plusieurs rangs d’abricots sans les cueillir en verd, ou en grains tendres, & de les laisser sécher sur pied, afin d’en conserver la semence des années suivantes. Il est très-sage d’en conserver le double, puisque si les gelées tardives détruisent les nouvelles plantes, on aura de quoi les suppléer ou regarnir les places vides. Cette petite prévoyance n’occasionne aucune perte, puisque ces haricots surnuméraires sont également utiles à la cuisine.

On doit cependant observer que les gousses qui succèdent aux premières fleurs épanouies des haricots grimpans, sont beaucoup plutôt mûres que celles des fleurs successives & qui se perpétuent tant que le froid de l’atmosphère ne les arrête pas. On laissera les premières mûrir & sécher sur la plante, & on les cueillera à la main dès qu’elles le seront. Si on attend plus tard, la gousse ouvrira ses deux battans, & les fèves tomberont sur la terre ; s’il survient une pluie lorsque la gousse est entr’ouverte, elle tache les haricots & les rouille. Après les premières récoltes & lorsqu’on s’aperçoit que les gousses restantes ne mûriront pas, on les cueille pour manger les fèves en vert ou en haricots tendres. Si on a semé des haricots nains, la récolte se fait tout à la fois ; & lorsque la tige est sèche, on l’arrache de terre avec les gousses, ainsi qu’il fera dit ci-après.


Section II.

De la Culture en grand des Haricots.


C’est le cas de donner ici les trois labours de préparation, de commencer le premier à la fin d’Octobre ou en Novembre, le second en Février,