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Les fruits doivent être choisis mûrs ou non mûrs, selon leur destination. Si l’on veut en tirer un acide, il faut prévenir la maturité ; l’attendre, si on désire un fruit agréable & sain ».

» On fait usage en médecine, des plantes fraîches ou des plantes desséchées ; celles-ci suppléent aux premières qu’on ne peut avoir dans toutes les saisons ».

» Les plantes fraîches doivent être cueillies un peu après le lever du soleil, & dans un beau jour, soit pour en faire une décoction, soit pour en faire une distillation ».

» Celles que l’on se propose de dessécher, doivent être déchargées de l’humidité qui n’entre point dans leur composition. On les cueillera après que le soleil l’aura fortement enlevée, sur le midi dans un jour beau & serein, autrement ces plantes se gâteroient & se corromproient ».

» On doit enfin avoir égard à l’âge des plantes : l’enfance, l’adolescence, la maturité, la vieillesse, sont pour elles des états très-différens, d’où résultent souvent des propriétés opposées ».

» Les feuilles de mauve & de guimauve étant jeunes, sont d’excellens émolliens, & sont mucilagineuses ; dans la vieillesse elles deviennent astringentes, & donnent un acide remarquable par sa septicité. Cette considération est importante, parce qu’en croyant donner un lavement émollient avec de pareilles plantes, on peut augmenter la douleur au lieu de l’appaiser. Leur septicité dans la vieillesse, provient d’un acide développé, qui pendant la jeunesse étoit absorbé dans une grande quantité d’eau. On observe la même chose dans les tiges & dans toutes les parties de plusieurs plantes. Les tiges d’apocin, qu’on mange en Amérique, sont agréables, nourrissantes & saines dans leur fraîcheur ; elles deviennent un vrai poison en vieillissant ».


Dessication des Plantes.


1. Dessiccation des plantes pour l’herbier. Lorsqu’on est de retour de l’herborisation, l’on retire de la boîte de fer blanc les plantes avec précaution, afin de ne point déchirer les feuilles & effeuiller les fleurs.

On pose sur une table trois ou quatre feuilles de papier gris, sans colle, & épais ; on place sur ces feuilles la plante que l’on veut dessécher ; on l’arrange de façon que toutes ses parties soient bien développées & bien apparentes : si quelques-unes en recouvrent d’autres, on les détache, & l’on coupe toutes celles qui sont gâtées & endommagées. Les parties de la fleur sur-tout demandent le plus d’attention ; elles doivent être disposées de manière que la fructification soit bien à découvert, & que la dessiccation ne la déforme pas ». Si la plante est plus haute que la feuille de papier, on peut couper sa tige, & placer la racine à côté d’elle, ou sur d’autres papiers. On aplatit avec le pouce les tiges herbacées qui sont trop grosses, & qui empêcheroient la compression d’agir sur les autres parties de la plante. Si les calices ont trop d’épaisseur, comme dans la famille des composées, on les coupe verticalement par le milieu, de manière qu’il y reste des fleurons & des semences. On peut aussi couper longitudinalement les tiges trop