servent encore quelqu’humidité interne, on les fera mettre une heure ou deux dans un four dent la chaleur soit telle que la main la supporte sans peine ; mais on doit craindre, dans cette opération, que les plantes ne deviennent trop cassantes, & ne perdent leurs couleurs ».
» On ne sauroit assez recommander de ne pas écraser les plantes en trop grand nombre, soit dans le temps où on renouvelle les papiers, soit dans celui où on ne les change plus. Si la pile est trop forte, il s’élève dans le centre une fermentation qui bientôt est suivie de corruption, de moisissure, & de la perte des plantes. Il convient donc, en renouvelant les papiers, de séparer en différens tas les plantes qui se dessèchent plus ou moins vite. Les mousses, les plantes graminées, les feuilles de plusieurs arbres, n’ont besoin d’être changées que deux ou trois fois ; mais les plantes grosses & aqueuses conservent long-temps leur humidité, & demandent plus de soins ; il faut écraser leurs tiges, & souvent, pour empêcher que les feuilles ne s’en détachent, on est obligé de précipiter la dessiccation, au moyen d’un fer chaud qu’on passe à différentes reprises sur les papiers qui les recouvrent ; on les expose ensuite quelque temps à l’air, après quoi on les replace sous la presse dans de nouvelles feuilles de papier sec ».
» En prenant les précautions indiquées, on conserve la couleur des feuilles, & celle même de plusieurs pétales ; mais s’ils sont épais, aqueux, & sur-tout rouges, violets ou bleus, ils la perdent à la longue, quelque soin qu’on y donne. On parvient cependant à la conserver au plus grand nombre, par une nouvelle pratique : après avoir aplati, écrasé & rangé toutes les parties de la plante de la manière qu’on vient de décrire, on change les feuilles de papier qui, sous la presse, se sont chargées de la première humidité, & l’on couvre la plante d’une ou deux autres feuilles sur lesquelles on étend du sablon fin, de l’épaisseur d’un pouce. On l’expose ainsi à la chaleur du soleil pendant plusieurs jours ; on la retire avant la rosée ; l’humidité s’échappe au travers des interstices que laissent les grains de sable, & la dessiccation devenant plus prompte, les couleurs se conservent plus sûrement ».
» Les plantes étant ainsi bien desséchées & bien préparées, on l’attache sur une feuille de papier détachée. On doit bien se garder de la coller, parce que la colle attire les mites & les autres insectes destructeurs. On peut se servir, pour les fixer, de cire d’Espagne, & mieux encore les coudre sur le papier. On écrit ensuite, si l’on veut, le nom de la plante & sa phrase, & on les classe dans le porte-feuille suivant le système que l’on a adopté. Une suite de ces porte-feuilles forme l’herbier proprement dit ; il doit être tenu dans un endroit sec, renfermé, garanti de l’air extérieur, & sur-tout on doit le visiter de temps en temps pour détruire les mites, &£ les larves d’insectes qui s’y introduisent ».
« Plus les plantes sont promptement desséchées, & mieux elles se conservent : il faut, s’il est possible,