Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/492

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être attribuée qu’à la fermentation qu’elles ont déjà éprouvée ».

» Lorsque les fleurs ont peu de consistance, comme dans la matricaire, le scordium, on les dessèche sans les séparer des tiges, & lentement, parce qu’elles ont peu d’eau. En général, les fleurs des plantes ligneuses, comme la mélisse, la bétoine, & toutes celles d’une consistance solide, peuvent être séparées des tiges. On fait aussi sécher séparément les feuilles & les fleurs de la camomille romaine ; on peut encore détacher les fleurs de la mauve avec le calice, & les faire sécher seules très-promptement au soleil, ainsi que celles du mélilot ; quoique petites, elles ont de la consistance ; ses tiges sont grandes & embarrasseroient. À l’égard des roses de Provins, il faut couper les boutons, & leur ôter l’onglet ».

» Avant de faire sécher les plantes, ou quelques-unes de leurs parties, on en sépare les herbes étrangères & toutes les feuilles mortes ou fanées. On les expose à l’ardeur du soleil, ou dans un endroit chaud ; on a soin de les étendre sur des toiles garnies d’un châssis de bois, que l’on suspend pour donner à l’air une libre circulation. On les remue plusieurs fois le jour ; on les laisse exposées jusqu’à une parfaite dessiccation, ayant soin qu’elles ne soient point amoncelées les unes sur les autres ; l’humidité s’arrête dans les endroits épais ; elle altère les couleurs. »

» Les écorces & les bois veulent être desséchés promptement, sur tout quand ils sont humides ; mais ils n’exigent aucune préparation ».

» Les racines que l’on tient dans des caves, y végètent, perdent leurs sucs, deviennent filamenteuses, &, au lieu de conserver ce qui en fait l’efficacité, elles se chargent d’une eau insipide qui n’a aucune vertu, & qui souvent acquiert une mauvaise qualité. Elles doivent être desséchées après qu’on les a tirées de la terre, dans leur vigueur. Si elles sont dures, petites & un peu aqueuses, on les enfile & on les suspend dans un lieu bien aéré, après les avoir mondés, c’est-à-dire, en avoir détaché tous les filamens, & les avoir essuyées avec un linge rude qui enlève l’épiderme & la terre qui peut y adhérer. »

» On ne doit jamais les laver, ou du moins très-légèrement ; l’eau qui sert à cet usage, se charge des parties salines & extractives qu’il importe de conserver dans ces racines. On a soin de fendre celles qui contiennent un cœur ligneux ; on coupe par tranches très-minces celles qui sont charnues, comme les racines de la bryone & du nénuphar, après quoi on les enfile ».

» Quelques racines, telles que celles de l’enula-campana, ne se dessèchent bien ni à l’air ni au soleil ; on est obligé de les exposer à l’entrée du four, pour les faire sécher tout à-coup, & les mettre en poudre dans le besoin. Il est bon d’observer qu’on ne doit en agir ainsi que pour les racines destinées à être pulvérisées, & la chaleur d’un soleil ardent peut servir à cet effet ».

» La plupart des racines, après la dessiccation, attirent puissamment l’humidité de l’air, se ramollissent, se moisissent & se gâtent à leur surface au bout d’un certain temps ; ainsi, il faut les tenir exactement renfermées dans un lieu sec à l’abri de l’air, sur-tout celles qui sont pulvérisées ».