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dispenser de recourir au bandage à dix-neuf chefs, puisqu’il est possible de dérouler les bandes, & les replacer sur le membre, sans rien changer à sa situation, & sans lui causer le moindre dérangement ; au surplus, l’artiste doit se souvenir qu’un bandage trop serré peut gêner la circulation, & produire un gonflement, une inflammation ; tandis qu’un bandage trop lâche favorise la désunion des fragmens replacés, ce qui doit l’engager à être scrupuleusement en garde contre l’un ou l’autre de ces inconvéniens.

Les compresses sont des morceaux de linge pliés en deux ou en plusieurs doubles, on en couvre les parties fracturées, on les tient plus épaisses dans les endroits vides ou ceux qu’elles doivent remplir.

Les attelles ne font autre chose que des espèces de petites planches faites d’un bois mince & pliant, mais cependant d’une certaine force & d’une certaine consistance, avec lesquelles on éclisse le membre cassé ; elles doivent donc être adaptées & assorties à sa force & à sa grosseur.

À l’égard de la manière dont on doit situer l’animal ensuite de l’application de l’appareil, M. de Garsault, dans son Parfait Maréchal, propose à cet effet de renverser le cheval. Il nous semble que l’animal ne pouvant pas rester toujours couché, & étant nécessairement astreint à faire usage de ses quatre membres, se blesseroit inévitablement en tentant de les effectuer, & ne pourroit que détruire par ces mouvemens tout ce que l’artiste auroit fait. C’est ce qui arriva en 1771 à l’École vétérinaire de Lyon, dans un cheval arabe, dont l’os du canon de la jambe du montoìr de devant avoit été cassé dans une chute qu’il fît à l’entrée du faubourg de la Guillotière, & dans lequel on voulut suivre la méthode de M. de Garsault. Le mulet dont nous avons parlé ci-dessus, & dont nous fûmes témoins de la réduction de la fracture, fut tenu simplement, & à l’ordinaire, dans une écurie ; on lui avoit passé seulement une large sangle sous le ventre, assujettie au plancher par deux anneaux. Nous ne conseillerons ni l’une, ni l’autre de ces méthodes ; nous sommes plutôt d’avis de mettre l’animal dans un travail ordinaire.

Si l’on est à portée d’en avoir ou bien d’en construire un à-peu-près, avec des planches & des sangles qu’on passera sous le ventre de l’animal, & qu’on assujettira à des poutres par des anneaux, l’animal ainsi placé, & légèrement suspendu, l’artiste procédera à la réduction de la fracture, supposé qu’elle soit au canon ou au tibia, &c. de la manière ci-dessus indiquée. La réduction faite, il mettra sur l’endroit fracturé le plumaceau qu’il a préparé après l’avoir imbibé d’eau-de-vie ; il trempera la compresse dans du vin chaud, il en couvrira circulairement le lieu de la fracture, ensuite il prendra le globe de la bande, qui sera imbue de vin ; sa main droite en étant saisie, il en déroulera environ un demi-pied, il commencera le bandage par trois circulaires médiocrement serrés sur le même lieu ; de là il descendra jusqu’à l’endroit par lequel il a débuté, il y pratiquera encore le même nombre de circulaires, & gagnera enfin la partie supérieure de l’os fracturé où la bande se trouvera entièrement em-