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ce temps, les tiges commencent à s’étendre en branches. Il y en a, & c’est le plus grand nombre, qui ont besoin du secours de l’art pour qu’ils s’étendent de même : afin d y parvenir, on en coupe les sommités.

Des cultivateurs prétendent empêcher la tige de s’exhausser, en l’écartant de l’échalas ; cette méthode n’est pas certaine : il vaut mieux, au bout du mois de repos, porter des échelles doubles sur la houblonnière, & casser le bourgeon de la sommité de la tige qui ne s’étend point en branches ; ce qui l’empêche de se prolonger, & lui fait produire des branches qui rendent beaucoup de fruit : mais si ces branches, secourues par des pluies abondantes, deviennent trop longues, il faut abattre les bourgeons qui sont à leurs sommités. Par ce moyen, le suc nourricier se porte directement sur le fruit.

De la récolte du houblon. Il commence à fleurir vers la dernière semaine de juillet (en Angleterre). Le fruit paroît quinze jours après la fleur, &, trois semaines après, il mûrit parfaitement, si la saison est favorable ; de sorte qu’on le cueille vers la fin d’août, ou au commencement ou à la fin de septembre, suivant la saison. Il est essentiel que le cultivateur veille avec soin l’époque de la maturité ; la moindre négligence sur cet article porte un préjudice considérable : il faut, vers la fin du mois d’août, visiter tous les jours la houblonnière. Voici les signes qui indiquent sa maturité : lorsque le houblon change de couleur, preuve certaine qu’il est presqu’au point de maturité. Ensuite il répand une odeur douce & agréable : peu de jours après, le fruit devient brun, & c’est alors qu’il est dans sa parfaite maturité ; peu de temps après, il flétrit & se passe très promptement ; raison qui engage à veiller avec tout le soin possible à la maturité du fruit. À ces signes, on rassemble beaucoup de monde, pour faire très-promptement la récolte : un seul jour de plus sur la plante, après qu’il a acquis sa maturité, il dépérit ; & si, par malheur, il fait un grand vent pendant la nuit, le dommage est très-considérable.

On commence par couper, ras du sol, les tiges des plantes qui croissent sur les quatre monticules qui sont au centre de la houblonnière ; on abat ensuite ces monticules, jusqu’à ce qu’ils soient à niveau du sol d’alentour. On arrose ce nouvel espace, & on le masse avec un maillet, pour affermir le sol & le rendre uni ; on le balaye, & on y fait passer le rouleau pesant. Telle est l’aire destinée à la récolte du houblon, & on en prépare plusieurs semblables, à différentes distances, si la houblonnière a beaucoup d’étendue. Ceux qui sont préposés pour cueillir le fruit, s’asseyent en rond autour de l’aire, & mettent le houblon cueilli dans des paniers. Il faut balayer l’aire toutes les trois ou quatre heures, & l’on continue jusqu’à ce que toute la cueillette soit finie.

Pendant qu’on prépare ces aires, une personne parcourt la houblonnière, ayant en main un long bâton, au bout duquel est fixée une serpe bien aiguisée ; elle s’appelle volant en certains pays. C’est avec cet instrument qu’on coupe doucement les sommités qui se trouvent entortillées