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du houblon à sécher, on l’étend clair sur un plancher, dans un lieu où il y ait un courant d’air ; il y reste jusqu’à ce qu’il puisse être fournoyé. On doit faire grande attention que la dessiccation dans le four soit égale, & qu’elle n’altère ni la couleur, ni l’odeur. Si en retirant du tour, une partie n’est pas sèche, on la sépare rigoureusement. Une livre de ce houblon est susceptible de dégrader la couleur & l’odeur de cinquante livres d’houblon sec.

La méthode de la dessiccation n’est pas la même par-tout. En Flandre, on bâtit un fourneau de briques, de dix pieds de largeur sur autant de longueur. L’ouverture du fourneau est pratiquée dans un de ses côtés, & le foyer est au centre qui est de la largeur de quinze pouces sur autant de profondeur. Il se termine à la distance de deux pieds & demi de chaque extrémité du fourneau. Le foyer doit être fait sur le pavé du fourneau : quatre pieds au-dessus de la couverture du toit, on fait le lit où l’on étend le houblon que l’on veut sécher ; ce lit doit être entouré d’un mur de trois à quatre pieds de hauteur, pour y retenir le houblon.

Il y a une chambre joignante au fourneau où l’on dépose le houblon quand il est sec. On y pratique une fenêtre qui s’ouvre de l’endroit où est le lit, par laquelle on passe le houblon séché, avec une pelle, & on le fait entrer dans cette chambre qui doit être de plain-pied avec la fenêtre.

On fait le lit de lates très-unies, qui ont un pouce en quarré, & on les place à un quart de pouce l’une de l’autre, afin que la chaleur puisse s’y porter librement, & que le fruit ne puisse point passer à travers les interstices ; une solive traverse le milieu du lit, & on y assujettit les lates.

On remplit ensuite ce lit de houblons : on les étend également à un pied & demi de profondeur, sans les presser, & on passe légèrement sur la surface un râteau de bois, ensuite on allume le feu. La coutume de Flandre est de se servir d’un bois humide qui communique une mauvaise odeur. On continue le feu jusqu’à ce que le tout soit bien sec, article essentiel, ce que l’on connoît, si en passant un bâton sur la surface, les houblons font du bruit ; s’ils ne le font pas également par-tout, il faut les éclaircir dans l’endroit du lit où ils sont les plus humides, en jettant ceux dont on les décharge dans les endroits les plus secs. Lorsque toute la fournée est bien sèche, on éteint le feu, & l’on pousse avec une pelle les houblons dans la chambre qui est à côté ; on balaye ensuite le fond du lit ; on regarnit le lit, & on allume le feu, ainsi qu’il a été dit.

Voici la manière dont on se sert du fourneau à drêche pour sécher le houblon ; on pratique une espèce d’aire sur laquelle on l’étend à la hauteur de six pouces ; on le tient sur un feu, fait ainsi qu’il a été dit, jusqu’à ce qu’il soit à moitié sec. On renverse alors tout le houblon, c’est-à dire, que ce qui étoit dessous, revient dessus, après quoi on le laisse, en continuant toujours le feu, jusqu’à que le tout soit également sec ; en suivant cette méthode, on épargne la dépense d’un fourneau. Lorsque l’on en a un à drêche, &