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est délicat & sensible à la température de l’air.

Nous ferons observer que la chambre, où l’on pousse le houblon au sortir du fourneau, doit être à peu près de niveau avec le plancher du lit, afin que le houblon ne tombe point de trop haut : sans cette précaution, il se casseroit. Il faut aussi qu’il y ait une autre chambre au-dessous : on fait une ouverture au milieu de la chambre supérieure qui communique avec l’inférieure : on donne trois pieds & demi de largeur à cette ouverture ; ensuite on prend un sac de quatre pieds de longueur, & l’on attache un cerceau à son embouchure ; on le roule tout autour, & on l’y fixe avec une ficelle. On doit choisir un cerceau assez large pour qu’il ne puisse point entrer dans l’ouverture pratiquée au milieu de la chambre.

Lorsqu’on a ainsi préparé le sac, on fait passer l’autre bout opposé à celui où est le cerceau, par l’ouverture ; l’autre bout est soutenu par le cerceau. Ensuite on verse une certaine quantité de houblon qu’une personne, placée dans la chambre de dessous, rassemble dans les coins du sac, & les y arrête avec une ficelle. Ces coins ressemblent alors assez bien à des pelottes à épingles ; elles sont d’une très-grande commodité dans la suite.

Quand cela est fait, on verse le houblon dans le sac : un homme y entre pour le distribuer également, & pour le fouler aussi vite qu’on le verse, jusqu’à ce que le sac soit rempli. On déroule alors le cerceau, & l’on coud la bouche du sac, observant de faire dans les coins des pelottes, comme celles que l’on a faites dans les deux autres coins inférieurs. On peut alors ouvrir la vente, ou, si l’on aime mieux, attendre une occasion plus favorable, pourvu qu’on mette les sacs dans une chambre sèche.

XII. De la culture d’une houblonnière après qu’on a récolté le houblon. Aussitôt qu’on a fini de cueillir le houblon, on détache les tiges des perches, & l’on met les dernières en tas sous quelque hangar. Dans les grandes houblonnières, on élève un hangar pour la saison de la récolte, & cette même pièce sert à renfermer les échalas jusqu’au printemps. Il ne faut point toucher à une houblonnière jusqu’au printemps ; mais, cette saison arrivée, on lui donne la culture qui suit : On mêle dix charretées de vieux fumier avec deux charretées de terreau de jardin, & une demi-charretée de sable : ce mélange, qui se fait au mois de novembre, se garde jusqu’au printemps. Dans le cours de la dernière semaine du mois de mars, on donne un léger labour ; on apporte les tiges de houblon qu’on a ôtées des perches, l’automne précédent, & on les met en tas en différens endroits du terrain. On jette avec une pelle, sur ces tas, une certaine quantité prise de la superficie du sol ; on y met le feu pour réduire le tout en cendres que l’on laisse en tas, & sur lesquelles on met une certaine quantité du mélange préparé en novembre précédent : on observe sur-tout, autant qu’il est possible, d’en mettre une égale quantité sur chaque tas. Un laboureur mêle alors la terre & les cendres avec cette composition ; ce qui forme un engrais des plus riches ; & des plus favorables à la végétation du houblon.