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moulin, quand ils apprendront que les six recenses de la ville de Grasse, donnent, année commune, environ 2000 rub d’huile ! Le rub pèse 20 livres, poids du pays. Les recenseurs achetoient, dans le mois de janvier 1776, le marc des olives, de 20 à 25 sols les deux quintaux du pays, ce qui revient à peu près à 170 livres, poids de marc ; & par leur opération ils en retiroient de 8 à 10 livres d’huile, poids de marc. La livre d’huile recensée ne se vendoit qu’un sol de moins que l’huile commune, l’huile fine étoit payée 9 livres 10 sols le rub ; l’huile commune 7 livres 10 sols, & l’huile recensée 6 livres 10 sols. Le bénéfice étoit donc de 5 livres 5 sols, pour une mise première de 25 sols, puisque les seuls grignons blancs payent les frais de fabrication.

Cette dernière huile est verte & très-verte ; on la préfère pour le savon, parce qu’il faut moins de temps pour qu’elle prenne avec la lessive, & par conséquent, c’est une grande économie de bois.

L’établissement des recenses, encore très-rare en Languedoc, a causé de grandes plaintes & de fortes réclamations de la part des propriétaires des olives ; parce qu’ils disoient que les recenseurs s’entendoient avec les ouvriers des moulins à huile, & que ceux-ci pressoient moins les cabas ; tant ils étoient étonnés de la quantité d’huile qu’on jetoit auparavant avec le marc : comme chaque particulier, par lui, ou par ses gens, voit faire son huile, il doit veiller à ce que le marc soit pressé convenablement ; d’ailleurs, personne ne le force à l’abandonner, & d’en tirer le meilleur parti. Les clameurs ont cessé, lorsqu’on a eu la conviction que les moulins pressoient avec trop peu d’énergie, & que les olives étoient mal etritées. Il faudra en venir au moulin hollandois.


CHAPITRE III.

De la conservation des Huiles en général.


On a vu, dans le premier Chapitre, que les graines & les olives contenoient, outre l’huile grasse, une huile essentielle ou éthérée, & un esprit recteur. On a également vu, que par art on pourroit réduire les huiles grasses en huiles éthérées, & qu’elles fournissent plus ou moins de résine. Il a été également prouvé que chaque huile grasse, devoit à l’esprit recteur de la semence ou du fruit, son odeur particulière ; qu’en prenant un peu d’huile essentielle, de colza, de navette, chargée de son esprit recteur, l’huile d’olive dans laquelle on la mélangoit, contractoit l’odeur & la saveur de chou, & ainsi tour-à-tour ; par le mélange des huiles essentielles, avec les différentes espèces d’huile ; enfin, on doit avoir sur-tout remarqué les effets qui résultoient de l’union des huiles essentielles, avec les huiles les plus douces, & combien dans le moment même on pourroit les faire ressembler à des huiles vieilles, & très-détériorées. Si j’ai exactement suivi la marche de la nature dans la décomposition des bonnes qualités d’huiles, il me paroît que la connoissant, il est facile de retarder cette marche, de prolonger