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des bords de ces filets, aux petits clous cc fichés dans l’épaisseur des tablettes. On détache les filets inférieurement & par partie, toutes les fois qu’on veut passer la main entre les planches.

Quoique ces filets puissent suffire pour retenir les poulets, & les empêcher de tomber sur le plancher du couvoir, cependant, pour plus de sureté, on le couvrira encore d’un bon lit de paille ou de foin. Par ce moyen la chute des poulets ne seroit pas dangereuse, si par hasard il s’en échappoit quelques-uns de dessus les tablettes.

Le temps où les poulets éclosent n’en est pas un de repos pour les conducteurs des couvoirs : ils doivent y entrer fréquemment pour retirer les coquilles des poulets éclos, & même pour faciliter la sortie de ceux qui auroient trop de peine à éclore. Il ne faut cependant leur donner du secours qu’avec précaution, & l’on ne doit pas trop se hâter de le faire.

Sur la fin du vingt-unième jour, la plus grande partie des poulets qu’on doit attendre, sera éclose, on les débarrassera des poulets morts, & des œufs dont les poussins ne seroient pas éclos. Ces œufs seront de deux sortes : quelques-uns seront fracturés, & il sera facile de voir si le poulet vit ; dans ce cas on essayera de le retirer de la coquille doucement & sans précipitation : les autres ne seront pas même béchés, & ceux-ci donneront encore moins d’espérance ; il ne faudra pas néanmoins les abandonner entièrement. On pourra commencer par les fracturer légèrement à un tiers de leur hauteur pris du côté du gros bout ; puis, si l’on n’entend aucun piaulement, on enlèvera une portion de la coquille pour juger de l’état ou se trouve le poulet. Si la membrane blanche qui l’environne est fort affaissée, & que l’embryon ait peu ou point de mouvement, il n’y a pas beaucoup à en espérer : le poulet sera mort ou près de mourir dans sa coque ; on l’y laissera. On ramassera tous les œufs semblables, de même que tous les poulets morts ; on les joindra aux œufs qu’on aura retirés dans l’opération du quinzième jour, & on les réservera pour la nourriture des jeunes poulets.

Il n’y a aucun doute que les précautions, que nous venons de prescrire, ne puissent sauver la vie à un bon nombre de poussins. On fera fort bien de les mettre en pratique, pourvu qu’on n’y trouve pas trop de difficulté ; car on ne doit pas se dissimuler que ce qui est d’une exécution facile lorsqu’on fait couver quelques douzaines d’œufs pour son amusement, devient souvent impraticable quand il s’agit de plusieurs milliers.

Mais ce qui doit diminuer les regrets, par rapport aux poulets qu’on laisseroit dans leur coque faute de les en retirer, c’est qu’en général tous les poulets bien constitués éclosent d’eux-mêmes. Il n’y a guères que ceux qui sont foibles & chétifs qui aient besoin de secours : or, le plus grand nombre de ces derniers qu’on a tirés de la coquille, traîne une vie languissante, & ne s’élève presque jamais.

On aura seulement l’attention de ne retirer les œufs du couvoir qu’à la fin du vingt-troisième jour de la couvée. Il y a quelquefois des poulets dont la naissance est retardée, & qui éclosent à ce terme.