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bien en chair ; il ne s’agira plus, pour les rendre d’un meilleur débit, que de les engraisser, opération qui demande dix à douze jours ; voici comment on y procédera.

On les mettra dans cette sorte de mue ou épinette dont les Figures 8 & 9, représentent une partie ; c’est celle qui est en usage dans plusieurs provinces pour engraisser la volaille.

EE, charpente de la mue qui en fait le corps & l’assemblage.

AA, Fig. 8, plan des loges où l’on enferme chaque pièce de volaille. Il y a double rang de ces loges : elles sont adossées l’une à l’autre, & séparées par un seul & même treillage.

RR, roues en bois qui supportent la mue & qui en facilitent le transport. SS, essieux des roues.

HH, planche sur laquelle on pose les augets NN, Fig. 10.

Chaque loge A doit avoir environ six pouces de haut sur six de large & sept de profondeur, pour les volailles ordinaires. Les loges AA sont séparées de celles qui les avoisinent, par des treillages de saule ou d’osier à claire-voie BB. Fig. 8. 9.

PP ; portes de chacune des loges. Ces portes sont en bois. Elles ont dans leur milieu une fente l pour laisser passer la tête & le cou de l’oiseau ; elles se meuvent sur deux petits pitons cc, & se ferment au moyen d’un petit tourniquet en bois t, qui assujettit deux portes à la fois.

DD, planches qui forment le fond de chaque loge, & qu’on retire & remet quand on veut par-dessous les portes PP.

ee, petits bâtons qui traversent les loges, & où se pose la volaille qui y est enfermée.

II, crochets de fer qui portent une planche mince H Fig. 8, sur laquelle on pose les augets NN : lesquels ont deux compartimens, l’un pour la mangeaille, l’autre pour la boisson. (Voyez Fig. 10).

Le service des mues se réduit à ce qui suit. 1°. On pétrit tous les jours une quantité de pâtée suffisante pour la consommation de la journée. Cette pâtée est formée d’un mélange de farine de sarrasin, d’orge & d’avoine. La farine de sarrasin domine dans ce mélange, & en forme au moins la moitié. On peut y joindre un douzième d’ivraie, ou même un quart de citrouille bouillie. On passe au gros sas ces farines ; on les mêle, on les pétrit bien avec du lait un peu tiède, versé à différentes reprises, & l’on en forme une pâte à demi-liquide.

2°. On distribue, deux fois par jour, dans les augets, la pâtée & le lait, ou l’eau pour la boisson.

3°. On retire, tous les matins, les planches DD, qui forment le fond de chaque loge, pour les nettoyer avec la petite ratissoire MR, Fig. 3.

En donnant aux mues, que nous venons de décrire, cinq pieds de haut sur deux de large, neuf de long & trente-six pouces quarrés à chaque loge, l’une portant l’autre, comme il a été dit, quatre mues semblables suffiroient pour un établissement roulant sur trois mille poulets par couvée.

C’est dans ces mues qu’on engraisseroit les poulets de trois mois qu’on voudroit vendre, à moins qu’on n’aimât mieux les laisser vivre jus-