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1°. La saignée est le moyen le plus sûr & le plus efficace pour diminuer le volume du sang, & faire cesser l’effort avec lequel il aborde à la partie enflammée. Elle sera même réitérée plusieurs fois si le pouls ne relâche point, & si les malades éprouvent toujours de l’ardeur & de la douleur.

Lorsque le mode inflammatoire est porté au plus haut degré, il faut diminuer cet excès, & le remède le plus propre à cela, est encore la saignée. C’est toujours dans le commencement & l’augmentation qu’on doit la pratiquer, & jamais dans l’état, à moins qu’il ne survienne de nouvelles affections inflammatoires. Sans cette complication elle seroit pernicieuse, parce qu’elle pourroit causer un engorgement glaireux & épuiser les forces dont la nature a besoin pour résoudre l’inflammation.

D’après cela, il est aisé de voir qu’il ne faut pas toujours insister sur la saignée, jusqu’à ce que la douleur ait entièrement disparu. Elle feroit dégénérer l’inflammation en gangrène.

Outre les saignées, les remèdes antiphlogistiques sont très-propres à diminuer le mode inflammatoire ; tels sont les acides végétaux & le nitre.

Lorsque l’inflammation, ou pour mieux dire, le mode inflammatoire qui doit résoudre l’obstruction est languissant, il faut alors donner des excitans, comme le camphre, le vin, & même les esprits volatils. Les diaphorétiques modérés sont sur-tout indiqués dans le cas d’inflammation languissante, parce que la nature détermine la résolution en excitant les sueurs.

Ces excitans conviennent dans la délitescence, ou fausse résolution de la matière inflammatoire, pour la déterminer à se porter vers les couloirs de la peau.

Il ne faut pas confondre la résolution avec la délitescence, ou l’affaissement de la tumeur qui peut se jeter de l’extérieur sur l’intérieur, & sur un organe essentiel à la vie. Il faut alors observer si la fièvre tombe ou si elle se soutient. Dans le premier cas on évacuera promptement par la saignée, on appliquera un vésicatoire, & on employera les diaphorétiques modérés. Il faut encore employer des fortifians pour toute la constitution, tels que les amers, la gentiane, le petit chêne, & sur-tout le quina à grande dose, en faisant boire par-dessus du lait d’amandes douces, ou des émulsions, afin de corriger son activité.

2°. Les malades attaques d’inflammation doivent beaucoup s’humecter, & prendre beaucoup de tisanne raffraîchissante faite avec le chiendent, la réglisse, l’orge, les racines de fraisier, d’oseille & de chicorée, dans laquelle on fera fondre quelques grains de nitre purifié. Le petit lait pris à grande dose, est un excellent remède ; on n’a pas à craindre qu’il se gâte & se corrompe dans l’estomac. L’observation journalière a prouvé le contraire. Je l’ai donné avec succès, & il a toujours produit les effets les plus salutaires.

3°. L’eau de poulet, ou bien émulsionnée, celle de guimauve, sont encore très-propres à rabattre la raréfaction des humeurs. La gomme arabique dissoute dans une certaine quantité de tisanne, est un remède qui ne doit pas être négligé, & qui