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septiques lorsque le mouvement du sang est ralenti, qu’il est accompagné d’un trop grand relâchement, & d’une espèce d’insensibilité, qui font craindre la gangrène. Ces antiseptiques doivent ranimer plus ou moins le ton, & augmenter le mouvement des vaisseaux : on peut les tirer de la classe des résolutifs & des stimulans les plus actifs ; mais si la gangrène est déjà commencée, que la partie soit un peu ramollie, la sensibilité étant émoussée, les vaisseaux flétris & relâchés, il est bon de les ranimer avec les spiritueux roborans ; il est même encore préférable de les scarifier.

Tous ces secours extérieurs sont insuffisans, si l’inflammation provient d’une cause interne, parce que, dans pareille circonstance, on doit administrer les remèdes internes, suivant que la nature du mal l’exige ; s’il provient de l’épaississement, les apéritifs, incisifs, les salins, les sudorifiques doivent être mis en usage ; si c’est de la raréfaction, les boissons acides, nitreuses ; si le mal est érysipélateux, les fondans, les eaux minérales, acidules, & les hépatiques conviennent. Enfin il faut faire cesser l’action des causes évidentes, soit en rappelant des excrétions supprimées, soit en remettant les parties fracturées ou luxées, &c. »

De l’inflammation interne. L’inflammation interne est caractérisée principalement par une fièvre aiguë, par des signes plus ou moins marqués de l’inflammation, rapportés à une partie qui décide pour l’ordinaire l’espèce & le nom de la maladie inflammatoire.

Pour que l’inflammation soit interne, il suffit que sa cause le soit, & qu’elle agisse sur-tout intérieurement. Néanmoins, par rapport au siège de l’inflammation, on peut établir deux classes de maladies inflammatoires : dans les unes l’inflammation est exanthématique ; dans les autres ; elle occupe une partie interne.

La première classe comprend le claveau, le charbon, &c. On peut rapporter à la seconde l’inflammation du cerveau, de la plèvre, des poumons, du diaphragme, de l’estomac, du foie, des reins, &c. On divise encore l’inflammation en vraie ou légitime, en fausse ou bâtarde ; on en donnera la description dans l’article qui suit l’inflammation interne.

Toutes ces maladies inflammatoires, sont communément précédées d’un état neutre qui dure quelques jours, pendant lesquels la maladie n’est pas encore décidée ; l’animal n’est pas encore malade, il n’est qu’indisposé ; on s’aperçoit qu’il éprouve un mal-être universel ; qu’il ne meut qu’avec peine sa tête & ses extrémités ; si même on lui donne l’aliment qu’il aimoit le mieux avant son indisposition, & qu’il l’accepte, il le tient dans sa bouche, ou lui donne nonchalamment quelques coups de dents ; la mastication, la déglutition, & toutes les fonctions languissent.

La maladie commence le plus souvent par le froid qui s’empare d’abord des extrémités, & se communique dans peu à toute la surface du corps, ce qui s’annonce par un tremblement plus ou moins vif, qui est général, ou qui secoue seulement quelques parties, auquel succède la fièvre ; les temps auxquels les signes de ces diverses espèces d’inflammations commencent à se manifester, sont bien différens : dans l’inflammation des