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sur-tout de la transpiration, est une cause fréquente des maladies inflammatoires ; car le passage du chaud au froid, arrête, trouble la sueur & la transpiration insensible, & peut par-là, former la disposition inflammatoire, mais elle n’excitera une pleurésie que dans les animaux qui y auront une disposition formée. Dans les autres, elle produira des toux, des rhumes, des catarres, suite fréquente & naturelle de la transpiration pulmonaire arrêtée par le peu d’attention que les hommes ont pour les animaux, & souvent pour eux-mêmes.

Nous observerons encore, que dans une constitution épizootique, les différentes espèces d’animaux ne sont pas toujours attaquées de la même maladie inflammatoire. Les chevaux seront frappés du vertigo, (voyez ce mot) ; les bœufs, de la murie ; les brebis, du claveau.

De sorte que si ceux qui soignent les animaux s’aperçoivent qu’ils éprouvent un mal-aise, qu’ils soient gênés dans quelque partie avant que la maladie soit déclarée, ce sera cette partie qui en sera le plus maltraitée, parce qu’il y aura une disposition antécédente, une foiblesse naturelle qui y détermine le principal effort de la maladie.

Enfin, il y a tout lieu de croire que la disposition inflammatoire qui est dans le sang, poussée à un certain point, ou mise en jeu par quelque cause primitive survenue, réveille son mouvement intestin de putréfaction, augmente sa circulation, anime la contractilité des organes vitaux ; que le sang ainsi enflammé & mû avec rapidité, se porte avec plus d’effort sur les parties qui sont disposées, & s’y déchargera peut-être d’une partie du levain inflammatoire.

Il semble, en effet, que ces inflammations des viscères, ou d’autres parties, soient des espèces de dépôts salutaires, quoiqu’inflammatoires. Ce qui prouve que les viscères, dans ces maladies, sont réellement enflammés, c’est qu’on y observe tous les signes de l’inflammation, les mêmes terminaisons par la suppuration, l’induration & la gangrène, que dans l’inflammation externe.

La partie où se fera l’inflammation décidera le nombre & la qualité des symptômes. Ainsi l’inflammation de la substance du cerveau, connue sous le nom de vertigo, sera accompagnée de foiblesse extrême, de délire continuel, mais sourd, tranquille ; d’abolition dans le sentiment & le mouvement, à l’exception d’une agitation involontaire des extrémités & de la tête. Tous ces symptômes dépendent de la sécrétion troublée & interceptée du fluide nerveux.

Mais si l’inflammation a son siège dans les membranes extrêmement sensibles qui enveloppent le cerveau, elle entraînera, à raison de la sensibilité des symptômes plus aigus, un délire plus violent, &c. Si cette espèce d’inflammation attaque le cheval, on lui donne encore le nom de vertigo ; si c’est le bœuf, celui de mal de chèvre : c’est ainsi que l’on confond l’inflammation des membranes du cerveau, avec celle dont le cerveau est attaqué lui-même. On en fait de même pour l’inflammation des poumons & pour celle de la plèvre, &c. ; car toutes