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que parce que l’obstruction est si considérable, qu’elle occupe tous les vaisseaux de la partie affectée, ou que ceux qui sont restés libres, sont tellement comprimés par le volume des autres, que rien ne pouvant passer par cet endroit, ses vaisseaux doivent soutenir la totalité du choc d’une circulation impétueuse qui les rompt tous presque en même temps, & occasionne une effusion d’humeurs à demi-corrompues par la chaleur que ces mouvemens font naître.

Les anti-septiques rafraîchissans sont donc indiqués lorsque l’inflammation est portée à un degré de violence qui fait craindre la gangrène de la partie affectée. Ce danger se manifeste par la chaleur ardente, par la grande tension, par la couleur pourprée, luisante, bleuâtre de la tumeur, par la vivacité de la douleur, la fréquence & l’intensité des élancemens, par la dureté, la plénitude, la grande vitesse du pouls, par l’ardeur du corps, la soif extrême, l’exaltation des urines, &c.

L’ensemble de ces symptômes exige l’usage des rafraîchissans en général ; mais la diversité de leurs causes détermine les cas où il faut préférer ceux d’une espèce plutôt que ceux d’une autre, & l’habileté du médecin vétérinaire dans cette occasion où il est nécessaire d’agir promptement & avec efficacité, consiste à savoir décider quelle est la cause principale du mal, afin de lui opposer le remède qui lui convient de préférence.

Il peut rapporter aux articles suivans les causes qui élèvent l’inflammation au degré de violence capable de briser tous les vaisseaux de la partie intéressée, & de la gangrener.

L’impétuosité de la fièvre qui fait essuyer aux tuyaux des chocs supérieurs à leur cohésion ; la rigidité des fibres, parce que manquant de souplesse, elles ne peuvent s’alonger, & sont obligées de se rompre ; la compression qui, occasionnant une stagnation totale, donnent lieu au mouvement spontané des humeurs, & à l’érosion des vaisseaux.

L’impétuosité de la fièvre a sa cause ou dans le sang trop abondant, trop phlogistique, ou dans les nerfs trop mobiles, trop vivement affectés.

La rapidité des fibres est un vice de tempérament, ou un accident produit par quelques causes étrangères, entre lesquelles le froid doit être spécialement compté.

La compression est l’effet du poids du corps chez les animaux affoiblis ou cacochymes, de l’étranglement dans les maladies externes, de quelques causes éloignées dans certains cas de médecine.

Si la cause consiste dans l’abondance du sang, la saignée est le remède essentiel, & ce seroit en vain qu’on voudroit parer aux accidens par les autres rafraîchissans, pendant que la pléthore subsiste. On sait qu’elle a lieu quand l’animal malade est d’un tempérament sanguin, qu’on lui a prodigué une excellente nourriture, qu’il l’a bien digérée, sans qu’on lui ait fait prendre un exercice convenable ; elle existe chez les animaux à qui on a négligé de faire des saignées auxquelles ils étoient accoutumés ; chez ceux qui ont la tête plus pesante qu’à l’ordi-