Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/107

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La contusion est elle récente ? appliquez-y un léger résolutif, tel que la térébenthine de Venise. La suppuration est-elle établie ? favorisez-la par l’application de l’onguent basilicum. Àppercevez-vous un bourbillon ? faites-le suppurer, afin de le faire détacher plus promptement. Mais la contusion paroît-elle sur la pointe du talon ? le bourbillon tarde-t-il à se détacher ? après quatre ou cinq jours de pansement, faites un peu marcher l’animal ; il est prouvé par l’expérience de M. Lafosse & par la nôtre, que le mouvement facilite & favorise la sortie de la matière dont le séjour pourroit léser les parties voisines ; le bourbillon étant sorti, pansez la plaie comme un ulcère simple, jusqu’à parfaite guérison.

Il arrive quelquefois qu’après la sortie du bourbillon, la plaie fournit une matière liquide ; & qu’on y découvre un fond au moyen de la sonde ; c’est une preuve que la matière a attaqué le cartilage placé sur la partie latérale & supérieure de l’os du pied, d’où résulte le javart encorné improprement dit, dont nous allons parler.

Du javart encorné improprement dit. Celui-ci est une carie du cartilage dont nous avons déjà décrit la situation, avec un suintement sanieux, & un engorgement dans la partie postérieure du pied, à l’endroit même du cartilage ; ce n’est donc plus un javart, puisque c’est une maladie particulière du cartilage : mais pour nous conformer à l’usage reçu, nous avons cru devoir lui laisser ce nom, en y ajoutant les deux mots, improprement dit, pour le faire distinguer du véritable javart encorné, dont le siège est fixé à la couronne, proche le sabot.

Ce mal reconnoît pour causes l’humeur du javart encorné, la matière d’une bleime, d’une seime, d’une atteinte, &c., dont l’humeur aura fusé jusqu’au cartilage, & qui l’aura carié. (Voyez Carie.)

On est assuré de la carie du cartilage par le suintement continuel que l’on observe à cet endroit, par l’enflure du pied, & par le fond qu’on y sent avec la sonde.

Cette espèce de javart est un mal fort grave & très-difficile à guérir ; on peut ajouter même qu’il est incurable, si l’on ignore la structure du pied. Pour le guérir, coupez entièrement tout le cartilage ; l’expérience prouvant que, lorsqu’il est carié seulement dans un de ses points, il est peu-à-peu gagné par la carie dans toute son étendue ; cette opération demande donc un artiste habile & éclairé. Un maréchal de village, ordinairement dépourvu de notions claires & distinctes sur la structure du pied, sans force, sans adresse, auroit donc tort de l’entreprendre. L’extirpation faite, mettez sur la plaie des petits plumaceaux imbibés dans la teinture de térébenthine, que vous contiendrez avec de larges plumaceaux & une bande qui les comprimera doucement contre le fond de la playe. Y a-t-il hémorragie, appliquez sur l’ouverture de l’artère, de l’amadou ou de la poudre de lycoperdon, dont nous avons déjà parlé à l’article Hémorrhagie. (Voyez ce mot) ou bien faites compression, &c.

Au bout de quatre ou cinq jours, levez l’appareil ; en attendant plus tard, on s’expose à faire naître des ulcères sinueux, qu’il est essentiel de dilater, pour donner issue à la matière. À chaque pansement, ne faites