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jaugeurs au besoin. Si on désire de plus grands renseignemens à ce sujet, on peut consulter le Dictionnaire économique de Chomel, au mot Jauge, les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1726, pag. 74… 1741, pag. 100… 1741, pag. 385.


JAUNISSE. C’est un épanchement de bile sur toute l’habitude du corps, qui change en jaune sa couleur naturelle.

Cette maladie se reconnaît d’abord au blanc des yeux, qui se teint insensiblement en jaune ; cette couleur se répand bientôt sur toute l’habitude du corps. Les urines que les malades rendent sont très-jaunes, & impriment au linge une couleur saffranée ; les excrémens sont au contraire pâles ; le pouls est foible, lent & quelquefois fébrile ; la peau est sèche & âpre au toucher ; les malades éprouvent une démangeaison assez vive, qui ressemble parfaitement bien à celle des piqûres d’épingles sur le corps ; ils ont la bouche amère ainsi que la salive ; les alimens qu’ils prennent acquièrent de l’amertume dans la mastication ; quelquefois ce goût est si piquant, qu’il leur semble avaler de l’absynthe, ou le fiel le plus amer ; les objets qu’ils regardent leurs paroissent jaunes. À tous ces symptômes se joignent le dégoût, des rapports, une sombre tristesse qui participe de la mélancolie, une douleur mordicante au creux de l’estomac, une difficulté de respirer, une tension aux hypocondres, une pression & une pesanteur à la région du foie.

Elle dégénère quelquefois en ictère noir, si la bile qui en est la principale cause, contracte une espèce de putridité acide. Les mêmes symptômes le caractérisent ; la seule différence est dans la couleur du malade, qui tire sur le bleu, le verdâtre, le livide, l’obscur ou le plombé ; la conjonctive des yeux est d’un jaune plus foncé ; & les urines ont la couleur de cassé brûlé.

La jaunisse reconnoît une infinité de causes ; elle dépend le plus souvent de l’obstruction du foie, d’un engorgement de la bile dans ses propres couloirs. Les ouvertures des cadavres des personnes mortes de cette maladie ont toujours démontré des vices dans le foie.

Elle est quelquefois produite par des pierres trouvées dans la propre substance de ce viscère ; elle vient aussi souvent à sa suite des fatigues excessives, d’un travail forcé, d’une longue exposition aux ardeurs du soleil.

Une vie trop molle & oisive, les passions vives, un régime de vie trop échauffant, l’usage des liqueurs & des vins qui n’ont point fermenté, les alimens de haut goût, l’inflammation du foie, une mélancolie très-longue, un amour malheureux, des désirs effrénés. & rendus vains, sont autant de causes éloignées qui peuvent déterminer la jaunisse.

Elle paroît quelquefois à la suite de quelque maladie aiguë, & des fièvres intermittentes trop tôt arrêtées, & conséquemment mal guéries, surtout lorsqu’on s’est hâté de donner du quinquina & des astringens. Elle est alors très opiniâtre, & cède difficilement aux remèdes qu’on lui oppose. Il n’est pas rare de la voir dégénérer en hydropisie.

La suppression des règles, des hémorroïdes, d’un cautère ; la ré-