Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/176

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très-près les unes des autres, & ne les laissent disperser le lendemain, que lorsque la rosée est entièrement dissipée.

4°. Les troupeaux sont divisés en plusieurs classes ; la première comprend les vieilles brebis & les béliers qui doivent les couvrir ; la seconde, les jeunes brebis & les jeunes béliers ; la troisième enfin les plus jeunes brebis. Le temps de l’accouplement fini, on ne les sépare plus qu’en deux classes ; savoir celle des béliers & celle des brebis.

5°. On fait abreuver les troupeaux dans les ruisseaux d’eau claire & coulante, & on les laisse boire autant qu’ils le désirent.

6°. De trois jours l’un, le sel est distribué à tout le troupeau, & quelques propriétaires donnent par an jusqu’à quinze fanega pour mille brebis,

Les propriétaires des troupeaux ont le plus grand soin de se procurer la race de brebis dont la laine est la plus belle & la plus fine, & ils n’épargnent rien pour y réussir. Ils choisissent à cet effet les meilleurs béliers, & les accouplent avec des brebis dont la laine est aussi belle que celle du mâle. Le temps de l’accouplement est fixé sur le temps de la transmigration d’un pays a un autre ; il se fait ordinairement en juin, & cent cinquante jours après les agneaux naissent ; on les laisse téter autant qu’ils désirent, & on ne trait jamais les brebis. Un bélier ne couvre jamais plus de quinze à vingt brebis, & encore, si on a un nombre suffisant de béliers, on diminue celui des brebis. Les béliers ni les brebis ne s’accouplent jamais qu’à la troisième année, & la brebis ne l’est plus à la septième, temps auquel elle commence à perdre les dents de devant. Ceux qui désirent se procurer des brebis & des béliers vigoureux pour l’accouplement, égorgent quelques agneaux, afin que les mâles sur-tout puissent téter deux brebis. On reconnoît un bon bélier aux marques suivantes : s’il est grand, fort & nerveux ; s’il a beaucoup de laine sur les jambes, sur les joues, sur le front ; si la laine est par-tout fine, serrée, blanche ; si le dedans de la bouche & de la langue n’a point de taches noires. On scie les cornes dans la saison de l’accouplement, aussi près qu’il est possible de la tête, en observant cependant de ne point faire saigner l’animal. Un bon bélier est toujours payé à très-haut prix.

7°. Les agneaux naissent dans le temps que les brebis sont aux pâturages d’hiver. Si quelqu’agneau vient à mourir, le berger a soin d’accoutumer un autre agneau à téter la brebis qui a perdu le sien. On coupe la queue à chaque agneau dès l’âge de deux mois, & on ne lui laisse que trois pouces de longueur, afin que cette partie, qui est ordinairement sale, ne gâte point la laine des cuisses, & ne gêne pas dans l’accouplement.

8°. Le propriétaire des troupeaux les divise en petites troupes de mille chacune, & chaque troupe à un nombre suffisant de pasteurs pour la conduire. Le premier berger se nomme pastor majoral, & il a l’intendance du troupeau entier. Pour chaque troupe de mille brebis, il y a un ravadan, un adjudant & un pasteur adjudant ; enfin un zagal. On donne au berger un ou deux gros mâtins, pour garder les brebis contre le loup, un âne, ou un mulet, ou un cheval