que de là naît la difficulté de le digérer.
Le lait se coagule en passant dans l’estomac ; c’est la liqueur gastrique qui produit cet effet : c’est une liqueur légère, transparente, écumeuse, savonneuse, saline, qui découle continuellement des glandes de l’estomac, & dont l’usage est de servir à la dissolution & au mélange des alimens… On trouve jusque dans le gosier des poulets une semblable liqueur, & tous les animaux le vomissent caillé. Cette coagulation est si essentielle à la digestion de cet aliment, qu’on ne le trouve jamais que coagulé dans l’estomac ; & elle est si prompte, que malgré la plus grande célérité à ouvrir le ventricule d’un animal vivant, auquel on vient de donner du lait, on le trouve toujours coagulé. C’est donc à tort que l’on craint la coagulation du lait dans l’estomac, puisque cette coagulation est absolument essentielle à la digestion. Pour la faciliter, on donne du sucre avec le lait, &, sans le savoir, on augmente les moyens de le faire coaguler plus vite. Il est vrai que dans les estomacs foibles, & qui ne peuvent pas le digérer, il fermente & s’aigrit au point qu’il cause des tranchées, des dévoiemens ordinaires aux enfans à la mammelle, & qu’on fait disparaître avec les alkalis ou avec les absorbans. Le lait qui a été coagulé dans l’estomac, se dissout ensuite dans le duodenum, s’y change en chyle, en se mêlant avec les autres liqueurs digestives ; mais il y en a toujours une partie qui passe avec les excrémens, sans être décomposée. De-là vient que les femelles des animaux qui allaitent, mangent si avidement les excrémens de leurs petits, ce qu’elles cessent de faire, dès qu’ils ont commencé à manger de quel qu’autre aliment que du lait.
Le lait de femme, (cet article est de M. Amilhon) C’est la nourriture naturelle des enfans. Il se sépare du sang, & se filtre dans les mamelles. Il mérite la préférence sur toutes les autres espèces de lait, comme étant plus analogue à nos humeurs.
Il n’est pas employé à la seule nourriture des enfans. Les hommes sont forcés quelquefois d’y avoir recours dans certaines maladies. D’après cette observation, M. de Lamure, célèbre professeur de l’Université de Montpellier, dit qu’on doit le préférer à toutes les autres espèces de lait, dans la pthysie, la consomption, le marasme, & dans les ulcères cancéreux.
La meilleure façon de le donner, est de faire sucer le lait, immédiatement à la mammelle de la femme. Si on le faisoit traire dans un vaisseau, dans le temps qu’on mettroit à en ramasser une suffisante quantité, il perdroit & exhaleroit plusieurs parties volatiles qui sont très-utiles aux malades. Une infinité d’observations prouvent les bons effets de cette façon de prendre le lait de femme dans des pthysies désespérées. Ce lait se donne ordinairement deux fois par jour. Le malade peut le prendre pour toute nourriture ; il est quelquefois employé à l’extérieur, comme remède adoucissant, & on s’en sert assez souvent pour calmer les douleurs aux dents & aux oreilles. Le lait de femme, pour être bon, doit être blanc,