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d’humeurs qui est salutaire ; un peu d’écorce de garou servira à l’entretenir aussi longtemps qu’on le désirera, & même à l’augmenter.

Pour entretenir un cautère toujours ouvert, on se sert d’un pois ou d’une petite boule de cire blanche que l’on y introduit, & que l’on y maintient, soit avec une compresse, soit en la recouvrant avec un morceau de toile de diapalme. J’ai très-souvent observé que le cautère s’enfonçait insensiblement dans les chairs, & parvenoit jusqu’au périoste. Il me paroît beaucoup plus prudent de supprimer le pois ou la cire, & d’appliquer sur l’endroit cautérisé un morceau d’écorce de garou ; il empêchera la réunion des chairs, maintiendra la petite inflammation à la superficie des tégumens, & on n’aura plus lieu de craindre l’excavation de la plaie.

Usage économique. Toutes les espèces de lauréoles peuvent servir à la teinture en jaune.


LAURIER ORDINAIRE, ou LAURIER FRANC. Tournefort le place dans la même classe que les lauréoles de l’article ci-dessus, & l’appelle Laurus vulgaris. Von Linné le nomme Laurus nobilis, & le classe dans l’énéandrie monogynie.

Fleur. D’une seule pièce, dont la corolle est découpée en quatre ou cinq parties ovales ; elle n’a pas de calice : neuf étamines & un pistil garnissent le centre de la fleur. On y découvre un nectaire composé de trois tubercules colorés, aigus, qui entourent le germe, & se terminent par deux espèces de poils.

Fruit. À noyau, ovale, pointu, à une seule loge, entouré de la corolle, contenant un noyau ovale, & aigu.

Feuilles. Fermes, dures, supportées par un pétiole, simples, très entières, en forme de fer de lance, veinées, d’un verd luisant.

Racine. Ligneuse, épaisse, inégale.

Port. Arbre qui pousse de terre une ou plusieurs tiges fort hautes & fort droites, & dont les branches se resserrent contre le tronc ; son écorce est mince, verdâtre ; son bois est fort & pliant ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles, plusieurs ensemble, portées sur un pédoncule ; les feuilles toujours sont vertes, & alternativement placées sur les tiges.

Lieu. Originaire d’Espagne & d’Italie, presque devenu indigène en Provence, en Languedoc & en Roussillon ; il y fleurit en mars, & ses fruits sont mûrs en automne. Le laurier a plusieurs variétés. La première à feuilles larges ; la seconde à feuilles ondées ; la troisième à feuilles étroites. La chaleur du climat détermine la hauteur de cet arbre.

Propriétés médicinales. Les feuilles ont une saveur âcre, aromatique ; les semences sont odorantes, âcres & un peu amères ; les feuilles & les baies sont stomachiques, nervines, cordiales, détersives, anti-septiques.

Les feuilles & les baies sont utiles en médecine. Des feuilles fraîches on fait une décoction ; des feuilles sèches, une poudre qu’on donne à la dose d’une dragme ; la décoction des feuilles se donne en lavement.

On tire du laurier quarte espèces d’huile. La première est fournie par les baies macérées dans l’eau, & distilées ; elle a toutes les vertus des huiles aromatiques. Prise intérieurement, elle chasse les vents, à la dose