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rouir comme ceux du lin commun, & donc j’ai retiré une écorce ou filasse à-peu-près semblable à celle du lin ; mais l’expérience n’a pas été faite assez exactement, ni assez en grand, pour décider ici d’une manière positive de son degré d’utilité. Comme la racine de cette plante est vivace, elle seroit d’un grand secours dans nos provinces vraiment méridionales par leurs abris, (Voyez ce mot) puisqu’elle ne craindroit pas les chaleurs & la sécheresse de l’été. Il seroit absurde d’y tenter la culture du chanvre ; sur vingt années il y réussiroit tout au plus une fois, & quelques cantons, en petit nombre & très abrités, peuvent recevoir la culture du lin commun, puisqu’il faut le semer de bonne heure, comme il sera dit ci-après. Je tâcherai de me procurer de la graine du lin de Narbonne, & je verrai s’il est possible d’en tirer un bon parti.

Je n’ai jamais cultivé ni vu cultiver le lin vivace ou de Sibérie ; ce que je vais dire est copié mot pour mot de l’ouvrage intitulé : Histoire universelle du règne végétal, publié par M. Buchoz ; il n’indique pas la source de laquelle il a tiré cet article. Je passerai ensuite à la culture du lin commun, pratiquée soit au midi, soit au nord du royaume de France.


§. I. De la culture du lin de Sibérie.


Ce lin s’élève à une très-belle hauteur ; on n’en connoît même point parmi les autres lins, qui monte aussi haut. Les frimats de l’hiver ne lui sont pas préjudiciables ses nouveaux rejets qui reparaissent, après qu’on la coupé, dans le mois d’août, se conservent parfaitement bien pendant l’hiver ; ils sont aussi verds sous la neige & sous la glace, que dans les beaux jours d’été. Von Linné est le premier qui a découvert ce lin, & qui en a donné la description dans son ouvrage, intitulé Hortus Upsaliensis. Il ne l’a pas plutôt fait connoître, que M. Dielke, grand cultivateur de Suède, & vrai amateur, en a introduit la culture dans ce royaume, où cette plante réussit parfaitement. On a fait l’essai de sa culture dans l’électorat d’Hannovre, où elle a eu le même succès qu’en Suède.

Pour cultiver ce lin, il faut commencer par choisir un terrein mêlé de sable : on prépare ensuite la terre par deux bons labours, après quoi on sème, à la volée, ce lin au mois d’avril, en observant d’employer un tiers de semence de moins que si on semoit le lin ordinaire. On passe ensuite légèrement la herse sur la terre ; après quoi on la retourne, & on l’y repasse de nouveau. Ce lin reste en terre environ trois semaines avant de lever quand il commence à croître, il faut sarcler rigoureusement les mauvaises herbes, de même que pour le lin ordinaire. Voilà toute la façon qu’il exige au temps de sa maturité. Pour lors, quand il est bien mûr : ce que l’on reconnoît facilement par sa tige qui jaunit, & par ses feuilles qui commencent à tomber, on le coupe à la faulx, au lieu de l’arracher. Il repousse du pied pour l’année suivante. On réitère pour lors dans cette année le même sarclage, qui n’est pas à beaucoup près aussi difficile que celui de la précédente, parce que le lin devient assez fort pour prédominer sur les autres plantes.