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suite d’années elle aura été confirmée. (Voyez Météorologie) M. M.

Aux observations générales de M. Mongez, il convient d’en ajouter quelques-unes plus particulières, ou plutôt de rapporter quelques erreurs, afin d’en rappeler la fausseté.

L’opinion que tel quantième de la lune influe beaucoup sur la qualité du bois que l’on doit couper, de la forêt que l’on se propose d’abattre, est assez généralement répandue ; mais, malheureusement pour les partisans de cette opinion, ils ne sont pas d’accord entr’eux sur un quantième décidé ; les uns prétendent qu’on doit abattre en nouvelle lune, les autres lorsqu’elle est dans son plein, & quelques-uns tiennent pour le dernier quartier. Cette diversité prouve seule combien peu sont décisives les prétendues expériences que certains observateurs disent avoir faites pendant trente ou quarante ans. Tous affirmeront que le bois coupé à telle ou telle époque ne chironne jamais, c’est-à-dire qu’il n’est pas attaqué par les vers. Ce qu’il y a de certain, c’est que les bois plantés au nord, & ceux qui n’ont qu’assez tard le soleil de l’après-midi ou du soir, sont & seront toujours plus sujets à être chironnés, que les autres plantés au levant ou au midi, quel que soit le quantième auquel on les abatte. Choisissez, autant que vous le pourrez, un temps sec, un vent du nord qui ait régné depuis quelque temps, & qui ait resserré la fibre du bois, je réponds que, toutes circonstances égales, il chironnera moins que tel autre bois coupé en nouvelle, pleine ou vielle lune, si le temps est mou, humide ou pluvieux.

Je ne répéterai pas ce que j’ai dit au mot Giroflée sur le quantième de la lune, qui, dit-on, procure les plantes à fleurs doubles ou simples : ce n’est pas une opinion, mais une erreur.

Toujours dans le même esprit, le vin devoit être soumis au despotisme de la lune, & l’idée généralement adoptée dans tous les pays de vignobles, est qu’on doit le soutirer dans la pleine lune de mars. Je pourrois, à la rigueur, admettre pour un instant la possibilité, ou même, si l’on veut, l’avantage de cette pratique, si tous les vignobles du royaume étoient situés dans le même climat, en un mot, si la chaleur de l’atmosphère ou sa température étoit égale partout ; mais quelle différence énorme ne se trouve-t-il pas entre le climat du Vexin françois & de la Picardie près de Beauvais, avec celui de Bayonne, de Perpignan, de Montpellier & de Toulon ! Que de nuances intermédiaires entre les deux extrêmes des vignobles de France. S’il y a des nuances, des disparités frappantes, le même point lunaire ne peut donc pas être un signe, une époque certaine pour des climats si disparates par la disproportion de chaleur. Comme on appelle lune de mars celle qui fixe la fête de pâques, qui est toujours le premier dimanche après la pleine lune & après l’équinoxe, la même règle ne peut donc pas être utile en même-temps aux extrêmes & à tous les points qui les divisent.

Si cette pleine lune, en crédit & en vénération, étoit chaque année à la même époque, l’illusion seroit plus réelle, mais en 1598 pâques se trouva le 22 mars, & le 15 avril en 1734, & en 1796 il se trouvera