Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

distinctes entr’elles ; l’une dont la maturité n’est déterminée que dans l’espace de quatre à cinq mois ; l’autre à qui il faut à peine la moitié de ce temps pour parcourir le cercle de sa végétation : nous les nommerons, à cause de cette différence caractéristique : maïs précoce, & maïs tardif.

Maïs précoce. Cette espèce est connue en Italie, sous le nom de quarantaine, parce qu’en effet elle croît & mûrit en quarante jours. On l’appelle, dans l’Amérique, le petit maïs, où l’on prétend que c’est une dégénération de l’autre espèce, ce qui n’est pas vraisemblable, à cause des propriétés particulières qui les distinguent essentiellement. De quelle utilité ne deviendroit pas le maïs précoce pour le royaume, s’il y étoit cultivé : peut-être conviendroit-il à un terrein & à une exposition où le maïs tardif ne réussiroit pas ; peut-être obtiendroit-on, par ce moyen, dans nos provinces méridionales, deux récoltes ; & ce grain, dans les parties les plus septentrionales, atteindroit-il le même dégré de perfection que celui qui croît dans les contrées les plus chaudes ; peut-être, enfin, le maïs hâtif serviroit-il à des usages économiques auxquels l’autre seroit moins propre.

Maïs tardif : c’est celui que l’on cultive en France, & dans les autres parties du globe ; il porte des tiges plus ou moins hautes : on le nomme le grand mais dans la Caroline & en Virginie, où l’on assure qu’il s’élève jusqu’à dix-huit pieds ; sa plus grande élévation dans ces climats, va à peine à la moitié. On assure encore qu’il est plus fécond & plus vigoureux que le maïs précoce : peut-être, parce qu’il demeure plus long-temps sur terre, & qu’il est au maïs précoce, ce qu’est le bled d’hiver au bled de mars. On ne manquera point d’acquérir des lumières sur ce point intéressant, dès que les deux espèces seront également cultivées & comparées entr’elles par de bons agronomes.


Section III.

Description des variétés.


Il existe plusieurs variétés de maïs ; qu’il faut prendre garde de confondre avec les espèces, puisqu’elles ne diffèrent les unes des autres que par la couleur extérieure du grain ; du reste, elles germent, croissent & mûrissent de la même manière ; les parties de la fructification sont entièrement semblables, & ce n’est guères qu’après la récolte qu’il est possible de s’apercevoir si les épis seront rouges, jaunes ou blancs : cette variété de couleur est plus fréquente, selon les années, les terreins & les aspects ; souvent elle se rencontre dans le même champ, sur le même épi, quelquefois même un seul grain présente cette bigarrure. Nous nous sommes convaincu par l’expérience, que cette diversité de couleur est héréditaire : peut-être un concours de circonstances la ramène-t-elle insensiblement à une seule nuance.

Maïs rouge. On peut ranger dans cette variété le maïs pourpre-violet, ou noir, qui n’en diffère que par l’intensité de couleur ; mais ce maïs rouge est le moins estimé : on le regarde même, dans quelques endroits, comme le seigle de ce grain : aussi ne le sème-t-on pas ordinairement, du moins en Europe, & il est purement accidentel, de manière