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entre chaque pied est mieux observée, on ne distribue pas plus de semence qu’il n’en est nécessaire, & tous les grains se trouvent également recouverts & enterrés à des profondeurs convenables.

Mais, dira-t on, en semant le maïs à la volée comme en Bourgogne, les semailles sont plus expéditives ; on a en outre la ressource de donner aux pieds de maïs la régularité & l’espace nécessaire, parce qu’en même temps que l’on sarcle, on a soin d’arracher ceux qui sont trop près, pour les replacer dans les endroits plus clairs ; mais il est prouvé que les pieds arrachés & replantés ne végètent ni avec la même vigueur, ni avec la même uniformité.

Or, la méthode de semer le maïs ne doit être adoptée que dans deux cas particuliers ; le premier, lorsqu’on a dessein d’en consacrer le produit au fourage ; alors il faut s’écarter des règles ordinaires, & semer le grain fort près, parce qu’on n’a pas besoin de ménager des intervalles ; une fois la plante parvenue à sa plus grande hauteur, on la coupe chaque jour pour la donner au bétail, dans un moment où l’herbe ordinaire commence à devenir rare. Le second cas, où il faut encore préférer de semer le maïs, c’est quand on veut profiter d’une terre qui a déjà rapporté du lin, de la navette ou du trèfle ; alors il est nécessaire de se servir des moyens les plus expéditifs, semer le grain macéré préalablement dans l’eau, parce que si les chaleurs se prolongent jusqu’au commencement d’octobre, le grain n’en est pas moins bon. Ou nomme cette espèce en Bourgogne, bled de Turquie de regain ; mais nous le répétons, à moins de cette double circonstance, il faut planter le maïs, comme les haricots, a des distances de dix-huit à vingt pouces, & l’avidité de ceux qui voudroient le rapprocher davantage sera toujours trompée.


Section X.

Des labours de culture.


Rien ne contribue davantage à fortifier les tiges de maïs & à leur faire rapporter des épis abondans, que des travaux donnés à propos, & répétés trois fois au moins depuis la plantation jusqu’à la récolte ; quiconque les néglige ou les épargne, ignore sans doute le profit qu’il en peut retirer, soit pour le fourage en verdure, dont les bêtes à cornes sont très-friandes, soit pour la quantité de grains qu’on récolte. Les effets principaux de ces labours de culture sont :

1°. De rendre la terre plus meuble & plus propre à absorber les principes répandus dans l’atmosphère.

2°. De la purger, des mauvaises herbes qui dérobent à la plante sa subsistance, & empêchent sa racine de respirer & de s’étendre.

3°. De rechausser la tige pour lui conserver de la fraîcheur, & raffermir comme les secousses des orages.

Premier labour de culture. On doit le donner quand le maïs est levé, & qu’il a acquis trois pouces de hauteur environ ; on travaille la terre, on la rapproche un peu du pied de la plante ; des hommes ou des femmes prennent des hoyaux ou sarcliers pour ôter les mauvaises herbes, ayant soin de ne pas trop approcher l’instrument de la plante, & de ne laisser subsister que la plus belle, de manière à ce