ment possible, on sèmera le maïs à la volée, en observant que le semeur s’en rempaille bien la main, & qu’il raccourcisse son pas ; sans ces précautions, le grain, vu sa grosseur, se trouveroit trop clair. On l’enterrera aussi exactement qu’on pourra avec la charrue & la herse, passée deux fois en tout sens. Il faut environ huit à neuf boisseaux de Paris pour un arpent, ce qui forme à-peu-près les deux tiers de plus de semence qu’il n’est nécessaire pour la récolte du maïs en grain. Une fois semé & recouvert, on abandonne le grain aux soins de la nature ; il est inutile de lui donner les différens travaux de culture dont il a été question. Plus les pieds se trouvent rapprochés, plus ils lèvent promptement, & plus ils foisonnent en herbe, parce qu’ils s’ombragent réciproquement, & conservent leur humidité : qu’importe l’épi, puisque ce n’est pas pour l’obtenir qu’on travaille.
Si toutes les circonstances se sont réunies en faveur du maïs, on peut commencer à jouir de son fourrage six semaines ou deux mois après les semailles ; le moment où la fleur va sortir de l’étui est celui où la plante est bonne à couper ; c’est alors qu’elle est remplie d’un suc doux, agréable & très-savoureux ; plus tard son feuillage se fane, & la tige devient dure, cotonneuse & insipide..
On coupe le maïs fourrage chaque jour pour le donner en verd aux bestiaux ; mais quand la fin de l’automne approche, il ne faut pas attendre que le besoin en détermine la coupe, dans la crainte que les premiers froids, venant à surprendre la plante sut pied, n’altèrent sa qualité ; d’ailleurs il convient de laisser le temps de disposer les semailles d’hiver, & de profiter d’un reste de beau temps pour faire sécher ce fourrage à l’instar des autres, en l’étendant & le retournant.
CHAPITRE II.
Du Maïs considéré relativement à sa conservation et à la nourriture qu’il fournit à l’homme et aux animaux.
Section première.
Analyse du maïs.
La connoissance approfondie des parties constituantes des grains, peut servir à répandre du jour sur l’art de les conserver longtemps, de les moudre avec profit, & d’en tirer le meilleur parti. Le maïs contient, indépendamment de l’écorce & du germe, trois substances bien distinctes entr’elles : sçavoir, une matière muqueuse, approchant de la gomme, du sucre & de l’amidon ; mais cette dernière substance y est trop peu abondante pour que jamais le maïs soit capable de remplacer, dans ce cas, le froment & l’orge, les deux seuls grains consacrés à cet objet ; le sucre ne s’y trouve pas non plus en quantité assez considérable pour devenir une ressource. Il faut donc renoncer à l’emploi de chacun des principes séparés du maïs ; ils sont destinés à demeurer liés ensemble, & à servir à des usages plus essentiels, & plus économiques.
De l’analyse du maïs, appliquée également aux tiges fraîches de cette plante, cueillies & examinées dans