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varier la quantité & la forme, pour soutenir les uns au travail, & pour engraisser les autres. Entrons dans quelques détails.


Section XI.

Maïs en guise d’avoine.


Dans le nombre des grains qui couvrent la surface du globe, il en est un qu’il faudroit proscrire, ou du moins en restreindre la consommation, c’est l’avoine, dont la culture absorbe beaucoup de bons terreins, & qui ne dédommage pas souvent des frais du labour. L’usage de ce grain est déjà remplacé, avec succès, dans quelques cantons de l’Europe, par l’orge, plante d’une végétation plus facile, & d’une récolte plus certaine. Ne pourroit-on pas, dans tous les endroits où le maïs est cultivé en grand, nourrir les chevaux avec le fourrage & le grain que la plante fournit ? Quelques auteurs assurent que pour les y accoutumer, il faut concasser le maïs, le mêler avec leur avoine, & avoir toujours l’attention de les faire boire, comme quand on leur donne du froment. Enfin, une moisson passable en maïs, vaut mieux que la plus belle en avoine, & on observe qu’il a plus de substance que l’orge.


Section XII.

Usage du maïs-fourrage.


Parmi les plantes, dont les prairies naturelles ou artificielles sont composées, il n’en est point qui renferment autant de principe alimentaire, & qui plaisent aux animaux de toute espèce que le maïs en verd ; c’est la nourriture la plus saine, la plus agréable, & la plus substantielle qu’on puisse leur présenter ; ils la préfèrent à toute autre, & ce fourrage seché avec soin, est encore une ressource précieuse pour les bestiaux pendant l’hiver, soit qu’on le leur donne seul ou mélangé ; mais dans ce cas il est à désirer qu’on ait les facilités nécessaires pour le hâcher de la même manière qu’on le fait pour la paille destinée à la nourriture des animaux, ils s’en trouveront mieux, & on économisera encore sur la quantité.

Le maïs semé pour le récolter en grain, offre aussi, à différentes époques de la saison, plusieurs ressources pour la subsistance des bestiaux, & dont on ne sçait pas profiter également par-tout pour les besoins de l’hiver : tels sont les pieds enlevés des endroits où la plante trop rapprochée, contrarieroit elle-même son développement ; les rejettons qu’il faut aussi arracher ; la tige coupée au-dessous du nœud de l’épi quelque temps avant la récolte ; les feuilles qui restent sur la plante, & celles qui enveloppent l’épi. Toutes ces parties étant retranchées à propos, sechées au soleil, & mises en réserve, peuvent fournir encore un excellent fourrage, sans nuire à la grosseur & à l’abondance des épis : enfin, on conçoit combien une plante qui donne des récoltes aussi abondantes, est avantageuse pour les cultivateurs, puisqu’elle les mettra à portée d’augmenter leurs troupeaux, d’avoir un plus grand nombre d’animaux destinés au labourage, à fournir du lait, à être engraissés, & qu’ils obtiendront plus de fumier.