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ladie, elle cède ou fait mourir le cheval en peu de jours.

La cause immédiate du spasme, connu parmi les maréchaux sous le nom de mal de cerf, réside dans la crispation des nerfs qui tend la fibre dont ils sont composés, au point de les faire résister à l’action du sens intérieur ; cette crispation est occasionnée par l’âcreté de quelques matières qui irritent le genre nerveux en général, ou qui agissant sur une seule partie, communique l’irritation qu’elle y produit à toute la machine, parce que ses ressorts réagissant tous les uns sur les autres, l’un ne sauroit être vivement ébranlé sans que les autres y participent.

La blessure d’un tendon, & principalement celle de la dure-mère, peut produire un spasme, qui roidit & rend immobile tout le corps de l’animal qui en est atteint, car l’expérience nous apprend, qu’en portant l’extrémité inférieure de la tête du cheval au poitrail, si l’on plonge un poinçon de fer entre l’occipital & la première vertèbre cervicale, sur le champ son corps & ses membres deviennent roides, & il meurt dans un vrai état de spasme, ce qui n’arrive point si on l’égorge, & qu’on le laisse mourir par la perte de son sang ; il périt alors dans des mouvemens convulsifs, parce que l’affpiblissement successif de ses forces rend ses organes incapables d’une action régulière ; tandis que dans le premier cas, la cause qui détruit l’animal est violente & prompte, de sorte que le spasme est la suite de la destruction subite des forces centrales, parce que celles de la circonférence n’éprouvant plus de leur part cette réaction qui maintenoit leur équilibre, se développent autant qu’il est en elles, ce qui donne à la fibre nerveuse une tension qui ne lui permet plus aucun mouvement.

Nous concluons de ce qui vient d’être dit, que le spasme universel, ou le mal de cerf, dépend de deux causes prochaines ; l’une, de l’âcreté de quelques humeurs qui irritent vivement le genre nerveux, & l’autre, de la blessure de certaines parties tendineuses ou aponévrotiques, dont l’ébranlement & l’irritation se communiquent à toute la machine.

La cure. L’indication que présente la première cause, est d’adoucir ou d’expulser l’humeur irritante ; mais comme les accidens de cette maladie menacent le sujet d’une mort prochaine, on est souvent oblige de travailler à les calmer avant de s’occuper à en détruire la cause. Les bains, les fomentations émollientes sont pour cela le remède le plus prompt & le plus sûr qu’on puisse employer, ils produisent un relâchement qui ne manque jamais de soulager l’animal, & comme souvent le premier siège de l’irritation se rencontre dans la région épigastrique, ou à l’estomac, ou au diaphragme, & que d’ailleurs ces organes sont le centre de toutes les forces animales, il est très-intéressant d’en relâcher les ressorts qui sont alors dans une très-grande tension. L’usage de l’huile d’olive, de celle de graine de lin, des boissons émollientes, opère de très-bons effets.

Les saignées, par le relâchement qu’elles procurent ; les narcotiques, par leur vertu d’engourdir le genre nerveux & de le rendre moins irritable ; sont aussi des remèdes qui doivent être employés & réitérés sui-