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crins, qui a lieu à la suite de cette maladie. Nous sommes bien aise de leur apprendre que les crins tombent presque toujours à la suite des maladies inflammatoires, & que ce phénomène n’est jamais le caractère du mal de feu. M. T.


MAL DE FEU des brebis. (Voyez Brûlure. Tom. II, pag. 477, col. 1.)


MAL ROUGE. Médecine Vétérinaire. Cette maladie épizootique, qui attaque tous les ans les bêtes à laine de plusieurs provinces, porte différens noms. On l’appelle mal rouge, maladie rouge, à cause du sang que quelques-unes d’elles rendent particulièrement par la voie des urines. Dans le bas-Languedoc on l’appelle maladie d’été, parce qu’elle exerce ses ravages après l’hiver ; & enfin, maladie de Sologne, parce que, d’après les observations de M. l’abbé Tessier, c’est le pays où elle est le plus généralement répandue.


Symptômes & signes de la maladie rouge.


Il est difficile de s’apercevoir dans les premiers instans, quand des bêtes à laine en sont attaquées, parce qu’elles sont mêlées à un grand nombre d’autres bêtes, ce qui empêche de distinguer celles qui sont malades. On n’en est assuré, que lorsque dans la saison où règne l’épizootie, on les voit ralentir leur marche, s’écarter du troupeau, ne brouter que d’une manière languissante la pointe des herbes, au lieu de les dévorer jusqu’à la racine, revenir à la bergerie avec le ventre applati, l’air triste, les oreilles basses & la queue pendante. Alors, si on les examine de près on leur trouve l’œil terne, larmoyant & presque couvert ; le globe & les vaisseaux qui s’y distribuent, les lèvres, les gencives & la langue blanchâtres, ou livides ; les naseaux sont remplis d’une humeur épaisse qui les bouche ; les urines sont ordinairement rares & coulent lentement ; la tête est souvent gonflée, ainsi que les jambes de devant. La foiblesse des bêtes malades est telle, qu’on les fait tomber facilement, si on applique la main sur leurs reins ; elles ne font aucune résistance lorsqu’on les saisit par une jambe de derrière ; la laine, dont les filamens, à la tête sur-tout, sont dressés & hérissés, est d’une mollesse extrême, au point que les hommes, qui tondent ces animaux, jugent que ceux dans lesquels ils remarquent ces signes, sont malades, ou le deviendront bientôt. Lorsque les bêtes à laine sont attaquées de cette maladie, elles cherchent l’ombre, sans doute pour se garantir des mouches qui se jettent sur elles en grand nombre, sans qu’elles fassent aucun effort pour les chasser. Souvent il s’en perd au milieu des bruyères, où elles périssent & deviennent la proie des chiens & des oiseaux de proie. Le plus souvent elles restent auprès des métairies, parce que le berger ne peut les déterminer à suivre les autres. Quand le mal est dans sa force, elles portent la tête basse jusqu’à plonger le museau dans la terre ; l’épine du dos se courbe ; les quatre pieds se rapprochent elles restent immobiles, tantôt debout, tantôt couchées, battant du flanc, & respirant avec peine. À cette époque on les fait suf-