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les brûler, pour détruire le puceron. Si on les abattoit trop tôt, la saison n’étant pas avancée, les nouvelles feuilles, qui ne tardent pas à repousser, seroient encore exposées au même accident.

C’est la saison de faire des incisions longitudinales au corps des arbres dont la tige est restée plus maigre d’un côté que de l’autre, & se trouve arquée, ou bien quand la tige est restée en totalité plus maigre que la greffe ; ce qui s’exécute avec la pointe de la serpette, en fendant l’écorce jusqu’au bois.

C’est aussi le temps en avril ou en mai, lorsque les nouveaux bourgeons ont cinq à six pouces de longueur, de courber les branches trop vigoureuses de quelques arbres qui s’emportent plus d’un côté que d’un autre, ce qu’on appelle arbre épaulé, & de détacher & laisser en liberté le côté le plus foible, qu’on lâchera alors, n’ayant plus besoin d’être contraint.

Il faut commencer à ficher les échalas au pied des souches de la vigne.

Faire la guerre aux hannetons, en secouant les arbres le matin & à midi, parce qu’alors ils sont engourdis, & ne prennent pas leur volée comme le soir.

Chercher sur les poiriers de bon chrétien d’hiver la chenille noire, qui gâte ses fruits, & toutes les autres en général, qui paroissent à plusieurs reprises & en différentes saisons les plus chaudes & sèches, comme au temps du solstice & de la canicule ;[1] ser-

  1. Les poiriers de ces provinces, ou plutôt leurs jeunes bourgeons, sont attaqués, vers l’extrémité supérieure, par un insecte qui les pique à plusieurs reprises & circulairement. Au-dessus de ces piqûres, il dépose son œuf, il sort un petit ver qui se nourrit de la moelle & de la substance intérieure du bourgeon ; il va toujours en descendant. Après un certain temps & un long enfoncement, il se change en chrysalide, ensuite en insecte parfait, & fait une petite ouverture par laquelle il sort pour aller se reproduire. Malgré les soins les plus assidus, je n’ai pu découvrir l’insecte parfait, mais j’ai tout lieu de croire que c’est un Charanson : on reconnoît la présence du ver par les feuilles supérieures qui se dessèchent, ainsi que la partie du bourgeon, située au-dessus des piqûres. Les boutons inférieurs, ainsi que leurs feuilles, restent verts pendant toute la saison, mais l’année suivante, à la taille, on trouve une branche creuse comme un chalumeau, & qui périt ; cette cavité a souvent plus d’un pied de longueur, & même pénétre quelquefois dans le tronc. Enfin, le ver creuse toujours jusqu’à ce qu’il se transforme en chrysalide.

    Il faut se hâter, dès qu’on voit les feuilles mortes, de couper la partie du bourgeon noire & flétrie, & de retrancher du bourgeon qui reste verd, jusqu’à ce qu’on ait trouvé l’insecte ; alors on taille près du premier bon œil qu’on rencontre au-dessous. Cette visite doit être faite chaque hiver pendant ce mois & le suivant ; c’est l’unique moyen de détruire un insecte qui pullule beaucoup.

    Les mouches meunières, également très-communes dans ces provinces, s’attaquent au tronc & aux grosses branches, dont l’écorce est encore lisse ; elles font une très-petite ouverture avec la tarrière dont la nature les a pourvues, y déposent un œuf, d’où il sort ensuite un gros ver. Sa manière de travailler est toujours en montant, &, avec les pinces dont la partie antérieure de sa bouche est garnie, il coupe, mâche, taille la partie ligneuse du bois, & la rejette en-dehors par l’ouverture placée au bas de sa galerie ; c’est une vraie sciure de bois, & en tout semblable aux débris formés par la scie de l’ouvrier, avec cette différence cependant que les brins sont, pour ainsi dire, agglutinés & collés les uns aux autres. À mesure que le ver grossit, les sciures augmentent