Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cotte, on la redressera, on comblera la fosse y enfin, on coupera, à deux ou trois pouces au-dessus de terre, l’excédent de la marcotte. Une bonne précaution à prendre, est de charger de terre, à la hauteur d’un pied environ, sur un diamètre de cinq à six pieds, le tronc nourricier. Cette terre maintiendra la fraîcheur, fera couler l’eau pluviale sur les fosses, tassera la terre contre les marcottes ; mais elle empêchera sur-tout qu’il ne s’élance du tronc quelques nouvelles tiges qui affameroienr les marcottes, parce que la sève a plus d’activité lorsqu’elle trouve une ligne droite, ou un canal direct, tandis qu’elle coule plus lentement dans des canaux inclinés. Il est très-prudent de conserver à part le gazon qui couvroit la place des fosses, & d’en garnir le fond à mesure qu’on y étend les branches. Cette herbe se réduit en terreau en pourrissant, & les jeunes racines profitent de cet engrais.

Si après la seconde année, les tiges n’ont pas acquis la longueur nécessaire, on doit attendre à la troisième, mais élaguer ces tiges par le bas, & jusqu’à une certaine hauteur, afin que les petites branches qu’on retranche, ne retiennent pas la sève, & qu’elle se porte avec force vers le sommet pour l’alonger. Jusqu’à quel point doit on supprimer des branches inférieures ? C’est la force de la tige qui le décide. Si on élague trop, on n’aura jamais qu’une tige maigre, élancée & fluette.

Je suis très convaincu que tous nos arbres-forestiers sont susceptibles d’être marcottés, & que les marcottes fournissent le moyen le plus prompt & le plus sûr pour le repeuplement d’un taillis, d’un bois, d’une forêt. Si les clarières ne sont pas d’une trop vaste étendue, si une forêt est entièrement dépouillée d’arbres dans le centre, ou si les arbres du centre sont propres à être coupés sur pied, ceux de la circonférence serviront au remplacement ; & on opérera ainsi qu’il a été dit. Lorsqu’une certaine quantité des marcottes aura par la suite poussé des tiges assez fortes, on choisira les plus belles, les plus longues pour les marcotter de nouveau, & peu-à-peu les clarières seront regarnies. Si elles sont trop vastes, il vaut beaucoup mieux en replanter le centre, & marcotter tout ce qui se trouve sur les bords.

Dans le courant de la première & de la seconde année, après l’opération des marcottes, il convient de veiller attentivement à ce que vers la partie du tronc, la branche couchée ne produise pas de rejettons ; on les supprimera dès qu’on les verra paroître ; & si cette partie de la branche est hors de terre, l’amputation sera faite au bas de la branche. Si on y laissoit un chicot ou un bourrelet, il en sortiroit de nouveaux bourgeons. On aura moins à craindre cette surcharge de bourgeons, si on a recouvert ; le tronc & les branches qui en partent, avec un pied de terre : alors, la branche n’ayant plus de communication avec l’air de l’atmosphère, elle est attirée par l’autre bout de la marcotte qui sort de terre, il s’y établir de nouvelles branches, & toute la force de la végétation s’y porte. Après plusieurs années, s’il sortoit du tronc une ou deux nouvelles tiges, on peut les laisser croître, parce que les marcottes ont déjà pris racine, & peuvent se suffire à elles-mêmes ; cependant si la clarière est vaste, il vaux