avec une planchette unie, enterrez ces caisses dans une couche de fumier récent, arrosez de temps à autre avec un goupillon, ombragez-les de paillassons pendant la chaleur du jour, diminuez graduellement cet ombrage vers la fin de juillet, & le succès de vos graines sera très-certain. Si vous voulez multiplier cet arbre en plus grande quantité, semez avec les mêmes attentions & dans de longues caisses, enterrées au levant ou au nord, ou sous l’ombre de quelques hauts arbres, ou bien en pleine terre dans des lieux frais sans être humides, ayant toujours soin de procurer un ombrage artificiel lorsque des feuillées voisines n’y suppléeront pas.
L’ombre est plus essentielle encore aux jeunes mélèses, qu’aux sapins & aux pins, quoique dans la suite ils s’en passent plus aisément que ceux-ci.
Le troisième printemps, un jour doux, nébuleux ou pluvieux du commencement d’avril, vous tirerez ces petits arbres du semis, ayant attention de garder leurs racines entières & intactes, & de les planter dans une planche de terre commune & bien façonnée, à un pied les uns des autres en tout sens ; vous en formerez trois rangées de suite, que vous couvrirez de cerceaux, sur lesquels vous placerez de la fane de pois ; vous ajusterez en plantant, contre la racine de chacun, un peu de la terre du semis, vous serrerez doucement avec le pouce autour du pied, après la plantation, & y appliquerez un peu de mousse ou de menue litière, & vous arroserez de temps à autre jusqu’à parfaite reprise. Deux ans après vos mélèses auront de deux à trois pieds de hauteur ; c’est l’instant de les planter à demeure, plus forts ils ne reprendroient pas si bien, & ne végéteroient pas, à beaucoup près, si vite. Vous les enlèverez en motte, & les placerez là où vous voudrez les fixer, ayant soin de mettre de menue litière autour de leurs pieds. Vous pouvez en garnir des bosquets, en former des allées ou en planter des bois entiers sur des coteaux, au bas des vallons, & même dans des lieux incultes & arides, où peu d’autres arbres réussiroient aussi bien que celui-ci. La distance convenable à mettre entr’eux est de douze ou quinze pieds, mais pour les défendre contre les vents qui les fatiguent beaucoup & les font plier jusqu’à terre, vous pouvez les planter d’abord à six pieds les uns des autres, sauf à en ôter, de deux en deux, un dans la suite, ce qui vous procurera une coupe de très belles perches. La même raison doit engager à planter les bois de mélèse, tant qu’on pourra, dans les endroits les plus bas & les plus abrités contre la furie des vents. On sent bien que, dans les bosquets & les allées, il faudra soutenir les mélèses avec des tuteurs pendant bien des années.
Ce seroit en vain qu’on tenteroit de grand semis de mélèse, à demeure, par les méthodes ordinaires ; la ténacité des terres empêcherait la graine de lever ; les foibles plantules qui pourroient paraître, seroient ensuite étouffées par les mauvaises herbes, ou dévorées par les rayons du soleil. Nous ne connoissons que deux moyens praticables. Plantez des hayes de saule-marsaut, à quatre pieds les unes des autres, & dirigées de manière à parer le midi & le couchant : tenez constamment entr’elles la terre nette d’herbes. Lorsque les