rappellent sans cesse, la médecine & l’agriculture. Pourquoi donc a-t-on été si long-temps à s’appliquer à l’étude de la météorologie ? C’est que l’homme, occupé à jouir, réfléchit peu sur ses jouissances, & sur-tout sur le moyen de les prolonger & de les assurer. De plus, en médecine & en agriculture, l’homme aime à ne voir que lui ; la nature, cet être puissant qui agit sans cesse, & presque toujours indépendamment de ses raisonnemens & de ses caprices, opère, réussit, & l’homme jaloux s’en attribue toute la gloire : la maladie est dissipée, la récolte est abondante. Le médecin a dit : voilà l’effet de mes remèdes ; & le laboureur, voilà celui de mes soins, tandis que souvent la nature plus forte & plus intelligente que l’un & l’autre, a dissipé le principe morbifique, & a fait prospérer les grains qui lui avoient été confiés.
Mais enfin, l’homme plus instruit, & savant par ses propres fautes, s’est défié de ses lumières ; il a ouvert les yeux, & a vu bientôt qu’il n’étoit qu’un instrument qu’un principe secret dirigeoit malgré lui. La nécessité l’a forcé à étudier cette nature qu’il méprisoit ; & dès-lors le champ de ses connoissances s’est développé, ses lumières se sont étendues, & il a été bientôt persuadé qu’il devoit étudier & connoître non-seulement cet élément qui l’environnoit, mais encore tout son système & les phénomènes nombreux qui s’exécutent dans son sein. De-là, la naissance de la météorologie. Les observations ont commencé, on les a faites avec plus de soin & d’exactitude ; on les a comparées entre elles ; on a connu les météores ; on a suivi leurs influences sur le règne animal & végétal ; insensiblement cette science s’est fixée. Mais, comme elle est fondée sur l’observation longtemps continuée, elle ne devra sa perfection qu’à une série d’années & de siècles mêmes, qui aura ramené plusieurs fois toutes les périodes dont le système météorique peut être susceptible. En attendant, il est de l’intérêt présent de s’y appliquer sans relâche ; & les observations journalières ont une utilité dont on peut profiter à chaque instant. C’est dans cette idée que nous ne cessons de recommander au médecin & au grand cultivateur, qui est plus qu’un ouvrier méchanique, de se livrer à cette science dont ils doivent retirer les plus grands avantages.
Pour remplir l’objet que nous nous proposons, à la description de chaque météore, nous avons soin de donner le précis de ses influences sur le règne animal & végétal. Nous avons encore eu soin de décrire exactement les instrumens propres à faire les observations météorologiques, & la manière de s’en servir. Il faut consulter ces différens articles ; il ne reste plus qu’à connoître la manière de rédiger ces observations.
Ou doit apporter le plus grand soin dans le choix & la perfection des instrumens qu’on doit employer, comme baromètre, thermomètre, hygromètre, anémomètre, &c. ; être très-exact à faire ses observations trois fois par jour, le matin, à midi & le soir ; à noter toutes les variations du jour, & l’état du ciel ; en tenir un registre fidèle. Ce registre doit être un cahier de papier, dont chaque feuillet sera divisé en vingtune colonnes comme il suit :