Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/573

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fin de l’été, étoit une rosée gluante & mielleuse tombée de l’atmosphère. (Voyez ci-après le mot Miellat). Le miel est ce suc doux & sucré, qui, après avoir circulé avec la sève dans les végétaux, s’en sépare par une transsudation sensible, & arrive dans le vase à nectar, placé au fond du calice des fleurs, d’où il se répand par surabondance au fond même du calice des fleurs, d’où il est porté par une autre transsudation sur les feuilles de ces fleurs. Il est porté avec plus d’abondance sur certaines plantes que sur d’autres : les fleurs en contiennent toujours beaucoup plus que les feuilles des plantes & des arbres, sur lesquels souvent il n’est pas sensible. Les feuilles des frênes, des érables, en sont très-fournies dans la Calabre & le Briançonnois. Dans certaines plantes, telles que les cannes à sucre, & celles de maïs, c’est dans la moelle que ce suc mielleux se porte avec le plus d’abondance & dans les arbres à fruit, c’est le fruit lui-même qui le reçoit, & son degré de saveur, qui est plus ou moins doux, est toujours proportionné à une circulation de ce suc, plus ou moins abondante, en raison des obstacles.

Tous les végétaux contiennent donc les principes du miel, & ne différent que du plus au moins : par-tout les abeilles peuvent par conséquent se nourrir & faire une récolte proportionnée à l’abondance que leurs offrent les cantons qu’elles habitent. Mais les vastes prairies bien émaillées de fleurs, les campagnes remplies de bled noir ou sarrasin, de navette, &c. les immenses forêts, garnies de toutes sortes d’arbres, leur offrent, avec profusion, de quoi se rassasier, & des provisions pour remplir leurs magasins. Les montagnes couvertes de romarin, de lavande, de thym, de serpolet & de tant d’autres plantes aromatiques, leur fournissent toujours un miel excellent & souvent en abondance. Le temps de leur récolte dure autant que la saison des fleurs, & lorsqu’elle est finie, les fruits qui succèdent sont encore d’une grande ressource pour elles.


Section II.

Comment l’abeille fait la récolte du miel.


Rien n’est aussi admirable, & si difficile à saisir, que le mécanisme employé par l’abeille, pour enlever le miel que lui offrent les végétaux. Les expériences que M. de Réaumur a faites pour connoître de quelle manière elle recueille le miel épanché dans le calice des fleurs, nous ont découvert des vérités inconnues jusqu’à lui. On avoit toujours pensé que c’étoit par succion qu’elles enlevoient le miel, & on avoit regardé leur trompe comme un corps de pompe, au moyen duquel la liqueur mielleuse étoit aspirée, & portée par le canal de la pompe dans l’estomac de l’abeille, & que c’étoit encore par ce même canal qu’elles le dégorgeaient dans les alvéoles. Swammerdam, un des plus grands naturalistes que nous ayons eu, & auquel nous sommes redevables d’un nombre infini de découvertes sur la conformation anatomique des abeilles, ne pensoit pas autrement. Si, dans son cours de dissections anatomiques des abeilles, il eût découvert leur bouche & leur langue, si aisées à remarquer, quand on suit leur position, il eût sans doute senti