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la mort suit de près, si l’animal n’est pas promptement secouru.

On a remarqué que les petits animaux mouroient beaucoup plus promptement de la morsure que les grands.

Le meilleur remède qu’on ait employé jusqu’à présent contre la morsure de ce reptile, est sans contredit l’alkali volatil fluor. Il est prouvé que ce fluide, en se combinant avec l’acide du venin, le neutralise, & forme un mixte qui n’a plus rien de mal-faisant. Mais il est certain que pour obtenir un bon effet de cet alkali, il faut l’employer presque aussitôt après la morsure. Nous en avons un exemple dans deux chiens confiés à mes soins. Un chien courant, qui ne me fut amené que deux heures après l’accident, & sur la morsure duquel j’appliquai l’alkali volatil, périt deux heures après ; tandis qu’un mâtin, mordu dans une vigne, par une vipère, & sur la plaie duquel je mis tout aussi-tôt une compresse d’alkali que j’avois sur moi dans un flacon, échappa à la mort. Je fis prendre encore à ce dernier quelques gouttes d’alkali dans de l’eau commune.

La dose de ce fluide doit être proportionnée à la force & à la grosseur de l’animal. On pourra donc le faire prendre aux bœufs de la plus haute taille, jusqu’à la dose d’un gros ; la moitié de cette dose suffira à un cheval de taille médiocre ; un quart de dose pour le mouton, la chèvre, le chien de la forte espèce. Mais l’essentiel est d’en mettre des compresses sur la morsure, & d’en faire de temps en temps par-dessus des embrocations si l’on voit que le gonflement soit considérable.

Si, par mégarde, un maréchal ou un berger avoient fait prendre intérieurement, sans eau, une trop grande quantité d’alkali volatil, on fera cesser l’érosion qu’il aura produite, en donnant à boire à l’animal du petit-lait, ou de l’eau avec du vinaigre. M. T.


MORTALITÉ. Il ne s’agit pas ici de ces grandes mortalités qui surviennent dans les épidémies. Personne ne sauroit calculer leurs effets. Il suffit d’observer qu’à Paris & à Londres, il meurt par an une personne sur trente ; dans les petites villes & dans les bourgs, une sur trente-sept, & dans les campagnes une sur quarante. La différence est donc au préjudice des grandes villes. Si les habitans des campagnes y étoient plus heureux ; si le luxe, le goût de la frivolité, & peut-être de l’oisiveté étoient moins répandus, ils ne se jetteroient pas en foule dans les villes, & on les verroit moins se dépeupler. Que de réflexions présente ce tableau de mortalité à l’esprit de celui qui réfléchit de sang froid ! Je laisse à mes lecteurs la facilité de les multiplier ; elles seroient ici déplacées. Ce tableau est trop général ; il auroit convenu de calculer ces mortalités dans les villages situés près des étangs, des marais, des relaissés des fleuves, de la mer, &c. Je mets en fait, que dans la plaine du Forez, dans la Bresse-Bressande, dans certains voisinages de la mer, la mortalité est d’une personne sur vingt ! (Voyez le mot Étang.)


MORTIER. Mélange de terre ou de sable, avec l’eau & la chaux éteinte dans l’eau. (Voyez ce qui a