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certain point, parce que la présence d’une certaine portion de chaux, qui n’est ni vive ni fondue, qui n’est plus que la poussière de pierre, change nécessairement la distribution des parties composantes. Du procédé que je présente, il résulte qu’on a de bonne chaux en poudre de moment en moment, & que l’on épargne à-la-fois deux opérations pénibles & dangereuses, la pulvérisation & le blutage. » On peut voir dans le journal de physique, année 1775, tome VI, page 311, la représentation de ce four, & celle de ses proportions.

M. de la Faye, après les recherches les plus exactes sur les ouvrages des anciens qui ont pour objet la bâtisse, en a publié les procédés dans son ouvrage intitulé : Recherches sur la préparation que les Romains donnoient à la chaux ; à Paris, chez Mérigot le jeune, quai des Augustins : voici son procédé pour éteindre la chaux. Vous vous procurerez de la chaux de pierres dures, & qui sera nouvellement cuite ; vous la ferez couvrir en route, afin que l’humidité de l’air ou la pluie ne puisse la pénétrer ; vous ferez déposer cette chaux sur un plancher balayé, dans un endroit sec & couvert ; vous aurez dans le même lieu des tonneaux secs & un grand baquet rempli jusqu’aux trois quarts ; d’eau de rivière, ou d’une eau qui ne soit ni crue ni minérale.

Il suffira d’employer deux ouvriers pour l’opération ; l’un avec une hachette brisera les pierres de chaux, jusqu’à ce qu’elles soient toutes réduites à-peu-près à la grosseur d’un œuf… L’autre prendra avec une pèle cette chaux brisée, & en remplira à ras seulement un panier plat & à claire voye, tel que les maçons en ont pour passer le plâtre ; il enfoncera ce panier dans l’eau, & l’y maintiendra jusqu’à ce que toute la superficie de l’eau commence à bouillonner ; alors il retirera ce panier, le laissera s’égoutter un instant, & renversera cette chaux trempée dans un tonneau ; il répétera sans relâche cette opération, jusqu’à ce que toute la chaux ait été trempée & mise dans les tonneaux, qu’il remplira à deux ou trois doigts des bords : alors cette chaux s’échauffera considérablement, rejettera en fumée la plus grande partie de l’eau dont elle est abreuvée, ouvrira ses pores en tombant en poudre, & perdra enfin sa chaleur. Tel est l’état de chaux que Vitruve appelle chaux éteinte.

L’âcreté de cette fumée exige que l’opération soit faite dans un lieu où l’air passe librement, afin que les ouvriers puissent se placer de manière à n’en point être incommodés. Aussi-tôt que la chaux cessera de fumer, on couvrira les tonneaux avec une grosse toile ou avec des paillassons.

On jugera de la nécessité que la chaux soit nouvellement cuite, par le plus ou moins de promptitude qu’elle mettra à s’échauffer & à tomber en poudre ; si elle est anciennement cuite, ou si elle n’a pas eu le degré de cuisson nécessaire, elle ne s’échauffera que lentement, & sera très-mal divisée.

De quelques préparations employées par les Romains.

Pour les enduits des appartemens, les Romains suppléoient le sable par la poussière de marbre, passée au tamis fin.

Lorsque l’on pétrit un boisseau de chaux qui vient de tomber en pou-