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jeter également par les deux naseaux une morve mêlée de beaucoup de pus, ou le pus tout pur sans être glandé, c’est la pulmonie seule ; mais si le cheval devient glandé par la suite, c’est la morve composée, c’est-à-dire la pulmonie & la morve proprement dite, tout-à-la-fois.

Pour distinguer la morve par l’écoulement qui se fait par les naseaux, prenez de la matière que jette un cheval morveux proprement dit, mettez-la dans un verre, versez dessus de l’eau que vous ferez tomber de fort haut : voici ce qui arrivera ; l’eau sera troublée fort peu ; il se déposera au fond du verre une matière visqueuse & glaireuse.

Prenez de la matière d’un autre cheval morveux depuis long-temps, mettez-la de même dans un verre, versez de l’eau dessus, l’eau se troublera considérablement ; & il se déposera au fond une matière glaireuse, de même que dans le premier : versez par inclinaison le liquide dans un autre verre, laissez-le reposer, après quelques heures l’eau deviendra claire, & vous trouverez au fond, du pus qui s’y étoit déposé.

Prenez ensuite de la matière d’un cheval pulmonique, mettez-la de même dans un verre, versez de l’eau dessus, toute la matière se délaiera dans l’eau & rien n’ira au fond.

D’où il est aisé de voir que la matière glaireuse est un signe spécifique de la morve proprement dite, & que l’écoulement purulent est un signe de la pulmonie : on connoîtra les différens degrés de la morve proprement dite, par la quantité de pus qui se trouvera mêlé avec l’humeur glaireuse ou la morve. La quantité différente du pus en marque toutes les nuances.

Pour avoir de la matière d’un cheval morveux, ou pulmonique, on prend un entonnoir, on en adapte la base à l’ouverture des naseaux, & on le tient par la pointe ; on introduit par la pointe de l’entonnoir une plume, ou quel qu’autre chose dans le nez, pour irriter la membrane pituitaire, & faire ébrouer le cheval, ou bien on serre la trachée-artère avec la main gauche, le cheval tousse & jette dans l’entonnoir une certaine quantité de matière qu’on met dans un verre pour faire l’expérience ci-dessus. Il y a une infinité d’expériences à faire sur cette matière ; mais les dépenses en seroient fort considérables.

Prognostic. Le danger varie suivant le degré & la nature de la maladie. La morve de morfondure n’a pas ordinairement de suite, elle ne dure ordinairement que douze ou quinze jours, pourvu qu’on fasse les remèdes convenables : lorsqu’elle est négligée, elle peut dégénérer en morve proprement dite.

La morve de pulmonie invétérée, est incurable.

La morve proprement dite commençante, peut se guérir par les moyens que je proposerai ; lorsqu’elle est confirmée, elle ne se guérit que difficilement : lorsqu’elle est invétérée, elle est incurable jusqu’à présent. La morve simple est moins dangereuse que la morve compulsée ; il n’y a que la morve proprement dire qui soit contagieuse, les autres ne le sont pas.

Curation. Avant d’entreprendre la guérison, il faut être bien assuré de l’espèce de morve que l’on a à traiter & du degré de la maladie : 1 °. de peur de faire inutilement des dépenses, en entreprenant de guérir des chevaux incurables ; 2°. afin